7 LIVRES
Écrire c'est s'autoportraiturer.
Écrire est plus qu'une thérapie, c'est une Mission.
"Chacun de nous est une force qui va"
(Victor Hugo)
"Hâte-toi de bien vivre et songe que chaque jour est à lui seul une vie"
(Sénèque - Lettre à Lucillus)
Vous pouvez commander :
Association Saint Bruno - 39 Chemin des AURENGUES -13013 Marseille
Mail: associationsaintbruno13@gmail.com
15€ + frais de port.
La vente de ces livres est au profit de :
Bénéficiaires
- La Pouponnière de la Médina-Dakar-Sénégal
- Scolarisation de 60 enfants Port-au-Prince-Haïti -
Soeur Paësie - Cité Soleil-Haïti
- Père Pedro Madagascar
- Oeuvre de Ihousy tenue par les Soeurs de N.D de la Salette
- Centre-Orphelinat Inshti Z'Abakene - Kigali-RWANDA
- Chrétiens d'Orient
Auteur : Jean-Claude GIANADDA
Qui est Jean-Claude Gianadda ?
Né le 08, janvier 1944 ( 76 ans ) à Ravières dans l'Yonne (89).
Activités:
Professeur au Collège St Bruno Marseille-13004 pendant près de 25 ans.
Arrivé dans cet établissement en septembre 1970, après le Service militaire effectué dans les Chasseurs Alpins.
Directeur de ce même Collège. Nommé Chef d'Établissement en 1976 ( à 32 ans). Fonction exercée pendant une vingtaine d'années.
Retraité de l'enseignement depuis 2004.
Auteur- Compositeur - Interprète de chansons reconnues par de nombreuses Communautés Chrétiennes :
Trouver dans ma vie Ta Présence - Chercher avec toi dans nos vies - Qu'il est formidable d'aimer -
Love - Rêve d'un monde - Un ami pour inventer la route - Jésus me voici devant Toi - Magnificat...
Très vite, ses chansons, jeunes de ton, évangéliques d’inspiration, sympathiques d’expression vont circuler
un peu partout comme une Bonne Nouvelle.
Formation philosophique et théologique acquise en suivant le cursus de la formation
dans la Congrégation des Frères des Écoles Chrétiennes :
noviciat, scolasticat.
Étude de psychologie à Lyon. Étude d'anglais à Londres.
Un stage en Algérie (École Lavigerie dans la Casbah -Alger ).
Distinctions:
Chevalier dans l'Ordre National du Mérite (Décret novembre 2016 )
( Médaille remise par Mr Jean-Claude GAUDIN Sénateur-Maire de Marseille- Ancien Ministre )
Oscar National de la chanson chrétienne
(Oscar National 2016 remis par Mgr Benjamin NDIAYE, Archevêque de Dakar Sénégal )
Médaille de la Sacem
(Médaille remise le 15 Juin 2008 - Sociétaire professionnel et définitif de la SACEM.)
Auteur : Avec la collaboration de Nicolas FAYET
Qui est Nicolas FAYET ?
Nicola FAYET était professdeur de français. Il est auteur de quatre livres de français pour les collèges.
Lecteur passionné de Pascal et de Péguy, de Maupassant et de Mauriac,
de Bosco et de Green dont il a d'ailleurs publié la première Biographie (Bartillat, 2003),
Nicolas FAYET est aussi l'auteur de Souvenirs d'enfance :
Une rivière à la menthe (Le Roure, 2003), de romans : l'enfant russe (Le Roure, 2003)
Les sanglots des chacals (Jeanne d'Arc, 2006) inspiré de son expérience de la guerre d'Algérie, tous les trois écrits à la première personne.
On lui doit aussi une volumineuse Anthologie des Poètes de son département d'origine, la Haute-Loire (Le Roure, 2009)
À propos du chant
" Trouver dans ma vie Ta Présence "
- Interview de
Sixtine Chartier - Journaliste - La Vie
- vendredi 19 mars 2021 -
- Comment avez-vous composé la chanson : « Trouver dans ma vie Ta Présence ? »
J’ai composé cette chanson ( disons plutôt cette « Prière chantée »), comme je l’ai fait pour toutes les autres, c’est-à-dire sur un coup de cœur….
Le plus étrange c’est que sans publicité aucune, sans les réseaux sociaux qui n’existaient pas encore à l’époque (Nous sommes dans les années 1980, il y a donc 40 ans… ) cette chanson, a fait le tour des Paroisses de France et des Paroisses des Pays francophones à la vitesse grand V. J’en suis encore tout époustouflé…
Une enquête sérieuse a montré que, pendant plusieurs années, cette chanson était 1ère au hit-parade des dix chansons les plus chantées dans les Paroisses. Pourquoi ? Je suis incapable de donner une réponse précise.
Cette chanson correspondait certainement à un besoin... Texte et musique sont arrivés au moment où les gens en avaient besoin…et je parle non seulement des pratiquants, mais aussi des non-pratiquants.
Qu’est-ce qu’un « Un Tube » ? C’est une énergie, une authenticité… C’est une chanson qui rejoint les gens…
Au cours de ces 4 dernières années : 2016 - 2017- 2018- 2019, je me suis rendu compte que dans les Pays francophones où je suis passé : Bénin, Canada, Haïti, Liban, Madagascar, Rwanda, Sénégal, Togo…cette chanson : « Trouver dans ma vie Ta Présence » est encore bien présente au programme des chorales. Pourquoi ? Là encore je suis bien incapable de répondre.
J’écris toujours la dernière chanson comme si c’était la première et par définition comme si c’était la dernière. Je précise qu’user le verbe « écrire » à propos de mes chansons est un peu prétentieux ce sont toutes des chansons fabriquées avec insouciance et rapidité.( Mais écrire une ritournelle est une des choses les plus difficiles à écrire).
Quoiqu’il en soit, je suis étonné de constater que certaines de mes chansons tiennent encore debout avec la force d’un édifice où tout est voulu et pensé. Et que certaines chansons, existent encore dans la vie quotidienne des gens et les aident à vivre.
- Pour quel usage avez-vous écrit la chanson : « Trouver dans ma vie Ta Présence » ?
- C’est une prière du matin...un chant d’offertoire ou de communion… …Je constate que les gens l’utilisent beaucoup lors des obsèques… Pourquoi pas ? Je n’y avais pas pensé… C’est leur choix : « Vox populi, vox Dei »
- Qu'elle est, d'après vous, la dimention catéchétique de cette chanson ?
-" Console-toi, tu ne me chercherais pas si tu ne M'avais pas trouvé " (Pascal, Le Mystère de Jésus in Les Pensées).
Dimention catéchétique ? Catéchétique du grec Katein: " Se faire l'écho de...". Proposer la Foi chrétienne aujourd'hui, ça n'est pas proposer un système idéologique. Ça, les sectes savent faire avec brio. Or, la religion chrétienne n'est pas une secte. Ce qui me permet d'affirmer que la Foi Pascale n'est ni une doctrine, ni une philosophie, ni une morale, ni un savoir. La Foi Chrétienne c'est une rencontre avec Jésus. Pensons à la rencontre de la Samaritaine, de Zachée, de l'Enfant prodigue, des disicples d'Emmaüs... La Foi c'est une rencontre tellement extraordinaire que le coeur en est tout brûlant. La Foi c'est "Trouver dans ma vie Sa Présence ". La FOI naît (du verbe naître - n.a.î.t) entre une PAROLE de Dieu qui se révèle et la liberté individuelle qui décide de dire OUI. Vous voyez, on est loin de la gouroutisation. Le gourou lui, il cherche à s'approprier les consciences. Le prosélitisme consiste à faire usage de la force, de la manipulation, de la désinformation….mais Jésus, Lui, ne s’est jamais imposé.
Regardez au ch.24 de Saint Luc… Jésus laisse là les deux disciples et fait mine de poursuivre seul son chemin... Ce sont les disciples qui lui courent après… " Reste, reste avec nous... il fait nuit…Regarde, il y a une Auberge tout près...Allez on t'invite ! ». Et voilà que les disciples cessent de parler avec leur tête, cessent de parler avec des mots pour parler avec du pain, pour parler avec le partage, avec l’accueil…et c’est là que leurs yeux s’ouvrent et qu’ils reconnaissent Christ Ressuscité ! …
Le temps est venu de fraterniser, de communiquer, de communier, de partager…et ainsi de "Trouver dans notre vie Sa Présence"
- D’où est venu l’inspiration de cette chanson ?
- Honnêtement, je n’ai plus aucune souvenance précise…Vous savez l’inspiration est quelque chose de mystérieux… Tout d’un coup, l’écriture répond à une nécessité, à une obsession, à une urgence intérieure. L’écriture de la chanson s’impose à vous. Elle prend le contrôle de tout votre être.
On écrit souvent à partir d’une fêlure. On ne se veut pas à toute force auteur-compositeur-interprète sans quelques failles, sans quelques intranquilités secrètes et fécondes. Dans la chanson il y a un abandon et une fragilité. Écrire est donc une thérapie. Ce sont les chansons qui nous choisissent !
- Écrire est une thérapie ?
- Plus qu’une thérapie pour moi, c’est une Mission.
La Mission d'un chanteur chrétien est de transmettre l'Espérance.
Je ne me définis pas d'abord comme un artiste, mais comme un " catéchiste-chanteur "
( Catéchiste du grec katéhein : « se faire l'écho » ).
Pour être chanteur chrétien, il faut avoir entendu un Appel. Il faut le Doigt de Dieu.
Le succès, l'impact d'une chanson chrétienne revient, non pas à son auteur, mais à l'Esprit Saint...
- Quelle différence faites-vous entre la chanson chrétienne et la chanson profane ?
- Bonne question ! La publicité aussi se chante. On peut chanter les produits de beauté, de lessive, des slogans pour manifs… mais c’est pour mieux les imprimer. La foi qui se chante voudrait moins imprimer que exprimer. Le chant chrétien exprime une Histoire, une Expérience de Dieu, un Espace de communion avec Dieu.
Alors à quel moment le chant profane devient-il chant religieux ? Au moment où le chant devient champ de l’Esprit-Saint.
Être chanteur chrétien est une forme de “ministère de la Parole” à la fois unique et puissante.
- À quoi sert une chanson ?
La parole poétique ne sert à rien ! Mais, c'est parce qu'elle ne sert à rien qu'elle est si utile, si nécessaire, si indispensable !
Donnons-nous le droit d’être ému, touché, amusé, bouleversé par une chanson, par un chanteur, quel que soit son style et son univers.
Et si chacun avait le droit d’aimer ou non ce qu’il veut ?
Rendons hommage à tous ceux qui, à travers leurs chansons soignent, guérissent, nourrissent, l’âme et le corps.
Une chanson peut permettre de se sentir droit, entier, et transparent.
Il y a des chansons qui vous transcendent. Qui nous font nous sentir beau et fort.
Une chanson peut aider à être soi-même. Elle a le pouvoir de mettre en harmonie avec soi-même...
C’est parce qu’elle fait du bien à tout le monde qu’une chanson est magique.
Ouvrons dans nos vies, les « portes enchantées » quand cela sera rendu possible… En attendant, pensons chaque jour à ouvrir grand les portes de notre cœur.
- Que dites-vous lorsque vos chansons sont caricaturées ?
Je dis tout simplement que mes chansons sont assez grandes pour se défendre toutes seules.
La critique? On a vu Barbara venir au secours de Sheila lorsque celle-ci était aux prises des pires critiques. On a vu Goldman distribuer à ses fans en début de concert la photocopie de méchants articles de journaux dont il faisait l’objet …
“Impose ta chance, serre ton bonheur et va vers ton risque. A te regarder, ils s’habitueront.” (René Char dans « Les matinaux »)
- La reprise dans le film « Nos jours heureux » (sur les colonies de vacances) est-ce que ça vous a heurté ? Qu’est-ce que cela signifie pour vous ?
J'étais mort de rire...Le plus cocasse c'est que je ne m'y attendais pas...assis dans mon fauteuil, j'ai réalisé tout d'un coup que c'était ma chanson.
En fait, cette scène veut bien dire ce qu'elle veut dire…Cette scène a pour objectif de traduire le décalage entre cette "monitrice-catho" apparemment timide et débutante, et le groupe de jeunes… S’occuper de jeunes ne s’improvise pas. Il faut une bonne formation, beaucoup d’intuition et une solide envergure...Sinon, on souffre... La scène est comique parce que le cantique ( preuve que c'est un des plus connus... ) est utilisé de façon inappropriée, dans un contexte inadéquat. La même monitrice aurait fait chanter cette même chanson à ces mêmes jeunes lors d'un temps de prière les choses auraient été différentes...
(Certaines publicités font bien pire en dénigrant « le Crucifix » ou « les moines »…et ce n’est pas pour cela qu’il faut supprimer les Croix dans les églises et les Abbayes en France…)
- Quelles sont les qualités d’un chanteur ?
- La sincérité. La vérité. L’authenticité. Être soi-même. Touchant . Émouvant. Charismatique. Il engage son âme.
Mon moteur n’a jamais été dans la recherche de la célébrité, ni la notoriété. (Toute ma vie j’ai refusé interviews et photos…). Mon moteur est dans mon engagement de vie. Rester dans l’ombre est un véritable confort.
Mon objectif étant d’exprimer par la chanson mon défi évangélique, mon pari sur la Foi. Donc la sincérité s’impose.
La question qu’un chanteur chrétien doit constamment se poser : « À quoi je sers ? ». Est-ce que je sers mon narcissisme et mon ego ou bien est-ce que je sers Celui qui me fait vivre ?
- Que retenez-vous de votre passé de chanteur ?
- J’ai été dévoré par les autres. Je ne m‘appartenais plus. J’ai été la propriété de la foule. Mais je ne regrette rien. Ce sont les autres qui m’ont révélé à moi-même. En fait, je n’étais pas préparé à être chanteur chrétien. Trop timide. Trop recroquevillé sur moi-même. Et puis le stress... beaucoup de stress... Chaque "Tournée", chaque "veillée" était une épreuve. J'étais terrorisé à l'idée d'animer un "Rassemblement".
Avec toujours la même angoisse : est-ce que je vais être à la hauteur ? Est-ce que je vais répondre à ce qu'attendent de moi les gens ? ... J’ai suivi une intuition sans jamais mesurer ce qui se passait. J'ai accompli une Mission qui donnait un sens à ma vie.
Il y a en nous quelque chose qui est plus grand que nous.
C’était mon destin. Le destin c’est de devenir pleinement soi-même. Jusqu’ici, mon destin ressemble à mes rêves de gamin.
- Quelle est votre plus belle chanson ?
- La prochaine…Celle qui est à venir… Celle qui n’est donc pas encore écrite…
- Et si c'était à refaire ?
Je referais presque tout pareil... J'ai eu beaucoup de chance.. !
On ne peut pas avoir assuré cette activité chantée pendant 50 ans sans avoir été soutenu par l’Esprit Saint.
Quelque chose en moi m'aura poussé à faire ce que je croyais être incapable de réaliser. (Je n'aurais jamais imaginé un tel parcours... même en rêve...).
J’ai découvert qu’il y a un quelque chose en moi qui est plus Grand que moi... On est le fruit de son histoire...
La chance ? Disons plutôt le Doigt de la Providence.
Le 18 mars 2021-
Jean-Claude GIANADDA
39 chemin des AURENGUES
13013 MARSEILLE
06.12.24.65.95
Mail : jeanclaudegianadda@gmail.com
1er livre :
Qu’il est formidable d’aimer
15€ + 5€ pour les frais de port.
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Association Saint Bruno - 39 Chemin des AURENGUES -13013 Marseille
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La vente de ce livre est au profit de :
- La Pouponnière de la Médina-Dakar-Sénégal
- Scolarisation de 60 enfants Port-au-Prince-Haïti - Soeur Paësie Haïti
- Père Pedro Madagascar
- Oeuvre de Ihousy tenue par les Soeurs de N.D de la Salette
- Chrétiens d'Orient -Liban
" L'amour est la seule richesse
qui ait cours à la fois dans
le temps et dans l'éternité."
(François Mauriac- Journal III)
Et je roule, sonné à demi, vidé et pourtant habité d’une incommensurable, plénitude. J’ai chanté de toute mon âme, j’ai soulevé de joie la foule des pèlerins dans la vaste basilique Sainte-Bernadette, face à la grotte. Près de huit mille voix à scander mes refrains, et toutes ces mains qui s’agitaient, qui tapaient en cadence.
Deux heures de folie : la folie de l’Espérance. Des visages de malades allongés u en fauteuil, leur regards mouillés de lumière.
Puis, après le silence de la prière chantée, lorsque s’est allumé le sanctuaire, au moment du chant final : « Qu’il est formidable d’aimer », des jeunes, par dizaines, ont quitté leur place et m’ont rejoint dans le chœur. Et ils ont dansé autour de moi la farandole de leur bonheur.
Avec un brin de nostalgie et un certain lyrisme, celui que le journal La Croix a qualifié de « Troubadour du Bon Dieu » livre ici une autobiographie qui s’écoute autant qu’elle se lit. Comme le musicien accompagne ses chansons d’un air de guitare. Jean-Claude GIANADDA ponctue chaque chapitre d’une vie au service de son prochain d’une chanson de circonstance. Un magnifique medley d’expériences, de rencontre et d’introspection, qu’on lit en fredonnant, le cœur en bandoulière.
2ème livre :
Trouver dans ma vie Ta Présence
15€ + 5€ pour les frais de port.
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- Père Pedro Madagascar
- Oeuvre de Ihousy tenue par les Soeurs de N.D de la Salette
- Chrétiens d'Orient -Liban
Il a enregistré une centaine de disques. Ses premiers musiciens sont des accompagnateurs de qualité: les frères Lalanne: Francis René et Jean-Félix.
Vous ne l'avez sûrement jamais entendu à la radio ou vu à la télévision. Jamais, il n'a fait "craquer" les cotes des hit-parades. Anti-vedette, il est pourtant très demandé auprès des groupes de jeunes, des paroisses et des communautés. Qui ne connaît pas ses chansons?!.
"Trouver dans ma vie ta présence", "Chercher avec toi dans nos vies", "Qu'il est formidable d'aimer", "Rêve d'un monde", "Love", "Bénie sois-tu marie", "Troubadour et baladins"...La liste est longue ! Toutes ces chansons jeunes de ton, évangéliques d'inspiration, sympathiques d'expression circulent maintenant un peu partout comme une Bonne Nouvelle.
Qui est Jean-Claude GIANADDA ? Un idéal, un dynamisme communicatif au service de la parole et de la foi. Il faut bien dire qu'il a le secret de l'animation, celui des veillées de rencontre. D'abord enseignant pendant une trentaine d'année puis chef d'établissement pendant 20 ans, c'est en 1994 qu'il décide d'abandonner ce métier qui lui plaisait tant pour se consacrer à cette Mission d'Église de "Troubadour du Boin Dieu".
Aujourd'hui, il sillonne les routes de France et d'ailleurs pour dire dans les églises, les prisons, les hospices les établissements scolaires, en chansons, les "choses de la vie", les "choses de la foi".
Sans esbrouffe, textes et musiques sont bien convaincants.
3ème livre :
Rêve d'un monde
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- Chrétiens d'Orient -Liban
J'ai vécu les 3/4 de ma vie à Marseille.
À 10 ans 1/2 mes parents m'ont mis au pensionnat des Frères des Écoles Chrétiennes
au 430, Chemin de la Madrague Ville 15° arrondissement Marseille -
En ce temps là, le "pensionnat" se définissait en 3 mots : études...études...études.
Pas de T.V à l'époque ni d'ordinateur, alors on lisait beaucoup. On bossait comme des fous...
C'était la course aux diplômes avec une seule ambition : devenir prof.
Je ne serais pas ce que je suis aujourd'hui si je n'étais pas passé par le pensionnat.
Quant à Marseille, on se sent bien dans cette ville !
Marseille, c'est un Pays où le droit du sang n'existe pas. On naît Marseillais, mais on le devient aussi.
Marseille est une ville au niveau de vie très bas, donc fragile. C'est une des villes les plus "cosmopolites". Étymologiquement "cosmopolite" signifie : Citoyen du monde. J'aime cette diversité, ce patchwork.
Être Citoyen du monde ne m'empêche pas d'être citoyen français.
On est Citoyen quand on est responsable.
Marseille est une Ville-Monde, c'est la Ville du "Ensemble dans la diversité."
Marseille "Capitale européenne de la culture"
Plus qu'un titre, c'est une démarche : mettre l'accent sur nos richesses,
contribuer au rapprochement, créer des liens pour une meilleure connaissance mutuelle entre citoyens de l'Union Européenne.
4ème livre :
La 777° chanson
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Moi qui ne perd jamais rien, surtout pas la plus petite de mes chansons, voilà que l'une d'elles ne me donne plus de nouvelles. Et pas la première venue : la 777°, je vous entends vous écrier : la belle affaire ! Il vous en restse au moins : 776, sinon davantage. .
Peut-être, mais à celle-ci j'attribuai une place à part, une sorte de concentré de mes idées sur la foi, sur la musique, sur l'amitié...
Chacune de mes rencontres et de mes veillées devient prétexte à chercher cette inaccessible 777ème, mon chef-d'oeuvre, qui sait ?
J'ai cherché à Albi, à la Salette, à l'abbaye de Ganagobie... La quête de mon Graal à moi, rien de moins.
Enfin, je ne désespère pas de recevoir quelque signe de sa présence, mais allez savoir où?
5ème livre :
Un ami pour inventer la route
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- Chrétiens d'Orient -Liban
Avais-je bien observé, après l'orage, l'arc-en-ciel déployé en arche de lumière?
Par quelle magie l'indigo s'était-il évanoui de l'espace?
Dès lors mes voyages aux quatre coins de la planète, n'ont été que poursuite de la couleur disparue. J'emmenais guitare et chansons et je cherchais, je cherchais, du Liban en Algérie, du Bénin à Madagascar où je rencontrai un homme qui fait fleurir le bonheur sous ses pas, et, dans le Var une femme qui a rendu leur rire aux petits chifonniers du Caire.
Pourquoi étais-je allé si loin quand cinq étranges personnages devaient me révéler que
" l'essentiel est invisible pour les yeux ?"...
6ème livre :
Ils marchèrent jusqu'à l'Auberge
15€ + 5€ pour les frais de port.
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- Luc chapitre 24 -
Si peu familier qu'on soit des Évangiles, il est un récit, dû à Luc,que l'on oublie pas :
ces deux disciples qui partent de Jérusalem quelques jours après que les autorités ont condamné leur maître à la place infamante des morts. Accablés, ils retournent chez eux
lorsque qu'un inconnu les rattrape sur la route...
Tout au long de ces pages, le lecteur aussi cheminera de rencontre en rencontre : de Nîmes à Lisieux, le pays de la Petite Sainte Thérèse Martin, de l'Aveyron à l'Alsace, de la Belgique aux montagnes de la Salette, de Graulhet à Châtillon où,
l'attend le Père Pedro de Madagascar l'ami du Pape François.
Les deux disciples ont marché jusqu'à l'Auberge d'Emmaüs et l'inconnu leur a révélé l'incroyable : la croix, c'est la suprême victoire de l'amour sur la mort.
Un acte de foi n'est pas une commémoration si émouvante soit-elle :
l'auberge n'est pas là-bas, mais en nous reconnaissons le Ressucité.
7ème livre :
Je chante donc je suis
15€ + 5€ pour les frais de port.
Vous pouvez commander :
Association Saint Bruno - 39 Chemin des AURENGUES -13013 Marseille
Mail: associationsaintbruno13@gmail.com
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- Père Pedro Madagascar
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Ce Dialogue a été réalisé à partir de l'interview de la journaliste Isabelle O’NEILL. Ainsi que du dialogue avec François Xavier MAIGRE journaliste à LA CROIX. Et puis en y ajoutant aussi l'interview de la Télévision Chrétienne K.T.O du 16 juin 2017.
Cette interview a été déjà publiée en partie dans le livre:
"Trouver dans ma vie Ta Présence".
Et si c'était à refaire ? Je referais presque tout pareil...
Il n'y a pas grand chose que je changerais...
J'ai eu beaucoup de chance.. !
Chance d'être étudiant et de m'intéresser, (en passionné que je suis), autant aux Sciences Naturelles et aux Langues Vivantes, qu'à la Philosophie, à la Psychologie, à la Théologie (avec un intérêt tout particulier pour la Mariologie).
Chance d'être enseignant. Transmettre un savoir suppose non seulement d'être passionné par son cours mais aussi d'être passionné par la pédagogie. Être pédagogue c'est conduire, accompagner, élever l'adolescent, c'est éclairer sa route. Un pédagogue est aussi un modèle, un symbole. Un adolescent cesse de croître dès qu'on cesse de croître avec lui. C'est la force de l'exemple, base de toute attitude pédagogique. Qu'est-ce qu'éduquer ? C'est révéler un jeune à lui-même. Éduquer, aujourd'hui, c'est tansformer le monde.
Chance d'être Chef d'établissement. C'est le Directeur qui, au sein de son Établissement scolaire, est responsable du " Vivre ensemble" (se respecter soi-même et les autres). Cela passe par le respect du réglement intérieur et des Lois. Prévention et Sanction, font partie de l'éducation. Arrêtons avec la logique du plaire à tout prix !
Que m'auront appris ces 20 années de direction? L'humilité et aussi que le pouvoir est illusoire. Un Directeur est d'abord un animateur: celui qui donne une âme à son Établissement.
La qualité première d'un Directeur ? Être humain. Or, être humain c'est accepter ses imperfections et celles des autres. Donnons-nous davantage la permission d'être humain, c'est-à-dire imparfait.
Chance d'être Chanteur chrétien Un chanteur c'est quelqu'un qui rencontre les gens qui fabrique des émotions qui dévoile une partie de son âme. Ce même chanteur est chrétien lorsqu'il a comme arrière-fond l'Évangile.C'est un voyageur dont la Mission est de transmettre l'espérance. Par la chanson il rejoint les personnes, les remet debout, les aide à découvrir un sens à leur vie.
La qualité d'un chanteur chrétien ? la vérité, l'authenticité, la sincérité. Non seulement le chanteur est un passeur d'histoire, mais il est d'abord Témoin, Signe...Ce sont les autres qui choisissent ses chansons et les adoptent ...
Chance d'être Retraité à plein temps (par la force du confinement). Je peux, maintenant, passer des heures à peaufiner la construction de mon Site (www.associationsaintbruno.net). Avec pour objectif d'en faire un instrument, un outil catéchétique au service des chorales, des animateurs et des catéchistes. Le confinement, m'aura non seulement apporté le repos et la quiétude, mais il m'aura aussi fait découvrir l'importance capitale des réseaux sociaux.
Avec la Covid nous avons basculé dans un monde numérique. La culture catéchétique doit prendre sa place dans ce monde numérique. Le Site de l’Association sera encore mieux et encore plus un outil catéchétique, un instrument d’Église.
(Consulter : www.associationsaintbruno.net – écoute gratuite des chansons )
Chance d'être chez moi, ( Confinement oblige...) et de pouvoir ainsi transformer ce "chez moi" en "quasi-monastère" : prière et méditation à heures fixes, travail, repos... Ne franchissant la clôture que pour rester fidèle à nos "Actions Humanitaires" les plus nécessiteuses. Je me suis découvert une nouvelle vocation: Ermite.
Quelque chose en moi m'aura poussé à faire ce que je croyais être incapable de réaliser (Je n'aurais jamais imaginé un tel parcours... même en rêve...). J'ai suivi une intuition sans jamais mesurer ce qui se passait.
Il y a un "Quelque chose" en moi qui est plus Grand que moi... On est le fruit de son histoire... La chance ? Disons plutôt la Providence.
Je quitterai ce monde en m'exclamant :
" Trop bien...! C'était trop bien...! Trop chanceux...! Merci mon Dieu...! "
(Ce Dialogue a été réalisé à partir de l'interview de la journaliste Isabelle O’NEILL. Ainsi que du dialogue avec François Xavier MAIGRE journaliste à LA CROIX. Et puis en y ajoutant aussi l'interview de la Télévision Chrétienne KTO du 16 juin 2017.
Cette interview a été déjà publiée en partie dans le livre: "Trouver dans ma vie Ta Présence".
I.-
- Jean-Claude GIANADDA vous êtes né le 08 janvier 1944. Vous avez fait votre formation et tout un parcours chez les Frères des Ecoles Chrétiennes. Vous avez appartenu à cette même Congrégation. Vous avez été enseignant pendant près de 30 ans et même directeur du Collège St Bruno à Marseille pendant une vingtaine d’années. Aujourd’hui vous vous définissez comme un chanteur chrétien. Qu’est-ce qu’un chanteur chrétien ?
Un chanteur c’est quelqu’un qui rencontre les gens qui fabrique des émotions qui dévoile une partie de son âme. Ce même chanteur est chrétien lorsqu’il a, pour arrière-fond, l’Evangile. C’est, en quelque sorte, un Témoin de la Parole, un voyageur dont la Mission est de transmettre l’Espérance.
Que signifie transmettre l’Esperance ? C’est redonner le goût à la vie, c’est redonner le désir profond du bonheur. Le désir du bonheur est le premier désir, commun à tous les êtres humains, selon Saint Augustin.
Le prophète Osée dans la Bible, explique que Dieu répond à ce désir du bonheur non en nous faisant quitter le désert ou en supprimant la souffrance mais en nous offrant Son intimité. En nous parlant « coeur à coeur ». L’Espérance renait dans ce désir de Dieu et d’entendre Sa Parole.
Quant à mon parcours, il est effectivement quelque peu atypique. Et je ne regrette rien. Surtout pas d’avoir fait toute ma formation chez les Frères des Écoles Chrétiennes : noviciat, scolasticat à Hérouville (près de Caen), avec en prime, des études de psycho à Lyon, des études d’anglais à Londres, une expérience d’insertion dans une petite école au cœur de la Casbah d’Alger en 1966 : l’École Lavigerie. Sans oublier mes excellents professeurs de musique (Piano, harmonium, orgue). Au total, une solide formation qui m’a armé pour la vie.
Cette « activité chantée », si singulière, si particulière, prenait une ampleur telle que se posa la question de la compatibilité avec une vie communautaire de religieux. Il me fallait donc choisir. Un choix est toujours douloureux. Les Frères des Écoles Chrétiennes ne sont pas ordonné prêtres mais ce sont des religieux laïcs dont la spécificité, la singularité, disons le caractère propre est de se vouer entièrement à l’enseignement et de vivre en communauté dans un établissement scolaire.
Une fois encore, l’appel de l’activité chantée fut le plus fort. Je suis sorti de la Congrégation, pour rentrer immédiatement dans le Tiers-Ordre Lasallien.
Dès lors affranchi de toute vie communautaire, je pouvais m’investir à fond dans cette activité (cet apostolat) tout en maintenant mes engagements et en gardant des liens fraternels avec l'Institut des Frères.
Saint Jean Baptiste de la Salle, le fondateur des Frères reste toujours mon Maître à penser. C’est de lui par exemple que j’ai appris que l’être humain, pour se conquérir, n’a pas d’autre choix que de développer ses facultés. Que c’est la Culture qui sauvera le monde. Que c’est la morale, l’autorité, le Beau, le Bien qui illumineront le monde.
Éduquer c’est transformer le monde !
J'ai pratiqué l'enseignement pendant une trentaine d’année. J’ai commencé ma carrière de prof. dans une petite ville minière du Gard: La Grand’Combe (près de Nimes). Ce n’est qu’ en septembre 1970 que je suis arrivé à Marseille: Collège Saint Bruno 4° arrondissement.
- Mais pourquoi avoir quitté ce métier passionnant ?
- Afin de m’investir totalement dans cette « activité chantée. La chanson avait pris le dessus. Et plus tard, cette activité chantée, me permettra de m’investir dans l’Aide Humanitaire.
J’ai été emmené à chanter dans les milieux les plus divers : prisons, hospices, paroisses, écoles, collèges, Lycées, rassemblements de jeunes: Scouts - M.e.j -Aumôneries…mais toujours avec deux objectifs: Mission d’Église et Mission Humanitaire.
Et pourtant, confidence pour confidence, je n'ai jamais aimé ce personnage qu'on applaudit le soir dans les Veillées.
Adolescent, je ne rêvais que d’une chose: être prof. J'ai exercé ce métier - cette vocation - pendant une trentaine d'années. Á 32 ans, j'ai été nommé Directeur du collège Saint Bruno. J'ai exercé cette fonction - ce service - pendant une vingtaine d'années, tout en continuant d'ailleurs, à pratiquer le métier d'enseignant. J'ai donc eu plusieurs vies en une seule. Durant la semaine j’étais Prof-directeur . Et, (sans aucune interruption), les week-ends et les vacances je devenais, pour reprendre l’expression du Journaliste de LA CROIX : Troubadour du Bon Dieu.
Mais, trop c’est trop. N’en pouvant plus d’être tout à la fois « Prof-Directeur-Chanteur », surbooké - près du burn-out - , je me suis vu dans l'obligation de choisir : soit l’enseignement soit l’activité chantée.
L’activité chantée s'est imposée à moi presque malgré moi. Je me suis pris au jeu. Pourquoi, encore aujourd'hui, je regrette d'avoir abandonné l'enseignement ? Peut-être parce qu'en abandonnant mon métier d'enseignant, je perdais en quelque sorte ma vraie identité. Mais, c’est ainsi. C’était mon destin.
- Qu'est-ce que le destin ? Pensez-vous que tout est écrit d'avance?
- Pas du tout ! Je ne pense pas que: Dans la vie, tout est écrit d'avance. Que la voie est tracée quoiqu'il en soit. Qu'une destination, une orientation, une prédestination nous est imposée. Par contre, je crois au Grand Horloger, au Grand Metteur en scène. En un Dieu Père Tout Puissant. Tout Puissant en Amour. Autrement dit, je ne suis pas seul à bord. Si j'étais seul, j'irais me fracasser sur les rochers. Mais, même si je ne suis pas seul, je suis tout de même le maître à bord. Pas indépendant mais autonome comme disent les philosophes. Oui, nous sommes assujettis aux déterminismes, génétiques, déterminisme sociétal, influence de l'éducation, des proches, des autres…Je ne décide donc pas de tout mais c'est moi qui décide. La liberté c’est la puissance de s’arracher à toute détermination. Satan choisi le Mal en toute connaissance de cause. C’est l’aspect satanique de notre liberté. « La Vérité vous rendra libres » ( Jn 8,32). Chercher la Vérité est un radical engagement. Je crois en ma liberté de choix et d'autonomie. Je crois que nous sommes maître de ce que l’on devient.
Maîtriser son destin, c'est constamment avoir envie de se ré-approprier son identité.
Á la question :"Qu'est-ce que le destin?", je réponds : " Le destin, c’ est de devenir pleinement soi-même ".
La grâce, par la prière, m'ouvrira des possibilités infinies. Je suis donc un voyageur sans destinée vers un lieu , vers une CONTRÉE que Dieu seul connaît.
Jusqu'ici mon destin ressemble à mes rêves de gamin.
À la question qu’est-ce que l’AVENIR, je réponds, l’avenir c’est réaliser ses rêves. C’est devenir soi-même.
- On se sent bien à Marseille ! C'est le Pays où le droit du sang n'existe pas. On naît Marseillais, mais on le devient aussi. Marseille est une ville au niveau de vie très bas, donc fragile. C'est une des Villes les plus cosmopolites. Étymologiquement cosmopolite signifie : Citoyen du monde. J'aime cette diversité, ce patchwork. Être Citoyen du monde ne m'empêche pas d'être Citoyen Français. On est citoyen quand on est responsable. Marseille est une ville-monde. Marseille, c'est la ville du Ensemble dans la diversité.
- Votre grand-père paternel était un immigré du Sud de l’Italie venu s’établir à Fos-sur-Mer en Provence comme maçon. Qu’est-ce que l’Identité Nationale ?
- L’Identité Nationale ?
En 3 mots : Liberté - égalité - fraternité.
En 2 mots : Vivre-Ensemble.
En 1 mot : Unité.
Voilà la raison pour laquelle je suis profondément attaché aux valeurs de la République et à la laïcité. La laïcité c’est la liberté. Car c'est la laïcité qui permet l'expression de toutes les religions. La Loi de la Laïcité est une Loi de tolérance. La Laïcité c'est la neutralité de l'État.
Je reste persuadé que si notre pays souffre, ce n'est pas d'un déficit d'identité, mais d'une carence d'égalité. Notre liberté se trouve dans l'Unité, la Solidarité, la Rencontre avec les autres.
II.-
- A l'âge de 50 ans, vous avez donc changé de vie. Est-ce difficile de changer ?
- « Impose ta chance, serre ton bonheur et va vers ton risque » (René Char: poète et résistant français natif à l'Isle-sur-Sorgue -1907).
C'est dans ma nature. Il faut toujours que j'aille plus loin. Mon avenir, c'est l'horizon. Je me suis inventé un destin.
A 50 ans, je me suis jeté en secret, ou presque, dans l’animation chantée. Je quittais du jour au lendemain l'enseignement, dans lequel je me réalisais. La période qui a suivi, fut une dure période où j’avais l’impression d’être inutile, sans pouvoir, sans identité, seul, dans une autre vie, dans un autre rythme de vie. La solitude et la liberté font grandir. J’ai envie de dire que l’on ne regrette jamais d’avoir osé, mais que l’on s’en veut toujours de s’être caricaturé. Quitte à me planter, la belle affaire !
Mon travail de prof. m’avait permis de garder le contact avec les réalités de la société contemporaine. Cela donnait à mes chansons une certaine crédibilité, une certaine force. La force de la chanson insérée dans le réel.
Un prof, un directeur, qu’il le veille ou non, donne l’image d’une fonction. Une « odieuse dignité » écrit Teilhard de Chardin.
Changer, c’est vouloir se ré-approprier sa propre image. C’est terrible et touchant à la fois de constater que quelqu’un est otage d’une fonction, otage de lui-même.
C’est peut-être pour cela qu’aujourd’hui j’éprouve une certaine indifférence pour ceux qui usent de toutes les armes pour gravir les marches du pouvoir.
Certes, quitter l’enseignement après 30 années de bons et loyaux services, c’était abandonner une responsabilité, un salaire, des relations, une activité passionnante. C’était un choix personnel. Nul ne me forçait en quoi que ce soit. C’est moi seul qui décidait.
Il faut avoir avancé dans la vie pour cerner ce qui fait son bonheur intime et non celui que les autres définissent pour nous.
Changer est un risque, il peut être une fuite sans issue qui peut nous ramener à notre point de départ.
Changer c’est avoir la maîtrise de sa vie. Sans quoi, on peut mourir avant d’être né.
Changer s’est s’habiter soi-même. C’est moins la sagesse et la prise de contrôle sur soi que le cheminement vers la sagesse et la prise de contrôle sur soi.
Pour changer, il faut la capacité à envisager les choses de manière différente. Certes, le poids des habitudes est très fort en nous. Il faut déprogrammer la disquette. Changer de logiciel !
Ce qui permet le changement c’est donc un vrai projet.
Changer allait me permettre de m’explorer moi-même. Je changeais, tout en restant dans un même projet « d’éducation ». « Deviens ce que tu es ».(Nietzsche)
Changer pour devenir soi-même afin d’aider l’autre à grandir. « Ce qu’il y a de grand dans l’homme c’est qu’il est un pont et non un but » (Nietzsche dans Zarathoustra). Il est difficile de changer parce que nos peurs remontent à la surface. Elles sont un frein. La peur est un signal d’alarme pour nous empêcher de prendre des risques inconsidérés.
Affronter la peur c’est faire appel au courage.
Changer permet d’éliminer l’inutile de la vie et de le remplacer par ce qui servira le bonheur et la réussite en soi et de soi-même.
Changer implique une remise en question. On se fait en se faisant : la stalactite.
III.-
- Vous avez exercé pendant une vingtaine d'années la fonction de Directeur au collège Saint Bruno dans le 4° arrondissement de Marseille. Qu'est-ce que cette responsabilité vous a appris ?
- L’humilité. Et aussi que le pouvoir est illusoire. Un Directeur passe le plus clair de son temps à résoudre des crises et des conflits de personnes. Il faut donc beaucoup d'humilité.
J'avais 24 ans en Mai 68. J'étais encore étudiant. J’ai donc vécu au cœur de cette mini-révolution. Et j’ai pu observer que pour sortir d'un conflit, qui était en somme la crise d'un système qui ne respecte pas la dignité des gens, il n'y a que le dialogue, la concertation autrement dit l’humilité. La crise de 1968 a été la révolution pour le Droit, le changement d'époque. Le refus de l'autoritarisme. La solution est toujours dans le dialogue, l'écoute, l'humilité et non pas dans la violence.
Un directeur de Collège, s'il ne veut pas se contenter d'être un simple exécutant, ou un simple répondant,
Mais il doit s'octroyer le rôle premier d'être un véritable animateur : donner une âme à son Établissement. Et pour cela, être présent aux soucis de chacune et de chacun : élèves, profs, parents d'élèves, personnels de service.
Être humain me semble la qualité première d’un Directeur. Or, être humain, c’est accepter ses imperfections et celles des autres. Donnons-nous davantage la permission d’être humain, c’est-à-dire imparfait.
La vocation première d’un directeur ne serait-elle pas, comme nous le propose l’Évangile d'être "ferment dans la pâte" ?
- Y a-t-il un rapport entre la chanson et l’enseignement ?
- Il y a une certaine similitude à enseigner et chanter. Enseigner, c'est transmettre. Or, chanter, c’est aussi transmettre. Transmettre un peu de son savoir, de son histoire, de ses valeurs, de ses repères, de ses rêves, du sens de sa vie. Transmettre un goût de liberté aussi. Un goût de résistance.
Un enseignant est aussi un éducateur, c'est-à-dire un révélateur. L'éducateur est un adulte qui pose sur l'adolescent un regard de confiance afin de révéler et de réveiller en lui ses propres capacités, ses propres dons, les valeurs cachées au plus profond de lui-même. Eduquer ça n'est donc ni séduire ni formater. Éduquer c'est révéler un jeune à lui-même. En révélant un jeune à lui-même, vous lui faites toucher sa profondeur.
Le chanteur chrétien est en quelque sorte un éducateur. Par la chanson, il rejoint les personnes, les remet debout. Les remet en route. Les aide à découvrir un Sens à leur vie.
- Quelle est la plus grande qualité d'un enseignant ?
- La pédagogie.
- Qu'est-ce qu'un pédagogue ?
- Pédagogue du grec agogein : conduire sur une route. Faire route avec. Le pédagogue était l'esclave qui accompagnait l’enfant. Qui était chargé de conduire l’enfant à l’école. En quelque sorte un précepteur.
Être pédagogue c'est donc conduire, mener, accompagner, élever l'adolescent, c'est éclairer sa route, le protéger sur sa route. L’aider à discerner le Sens de cette route.
Un pédagogue est un modèle, un symbole. Un adolescent cesse de croître dès qu'on cesse de croître avec lui. C'est la force de l'exemple, base de toute attitude pédagogique.
Mais attention, le pédagogue conduit. Il tient le volant ! Arrêtons avec la logique du plaire à tout prix ! N'oublions pas les valeurs de la discipline et de l'ordre. La sanction, si elle est juste, est en soi prévention. Sanction et prévention sont indissociables
"Entre l'élève fort et l'élève faible, c'est la loi qui protège et la liberté qui opprime." (Lacordaire). «L’ordre fait la liberté » (Charles Péguy) . La discipline, dans un établissement scolaire, protège les plus faibles. On réussit une éducation lorsqu'on arrive à faire comprendre à un élève que sa liberté est dans le respect des Lois. Et que c'est sur ce respect que repose le "Vivre ensemble ».
Peu de gens avoueront que la violence à l’école est le reflet de notre société. On paye aujourd’hui la déconstruction des valeurs traditionnelles. Une déconstruction due au laxisme, aux inégalités, au capitalisme à outrance. (Toujours consommer plus). L’agressivité en prime. (Y compris au volant de la voiture).
Être pédagogue c’est donc aussi parfois avoir le
courage de la colère et de l’indignation.
- Peut-on dire que c’est l’enseignement qui a propulsé votre activité chantée ?
C’est certain !
D’abord c’est grâce mon salaire d’enseignant que j’ai pu acheter une sono me permettant de chanter dans les églises, d’enregistrer des disques, et me déplacer au quatre coins de France et à étranger.(J’ai passé mes week-ends et mes vacances scolaires sur les routes ).
Dès 60 ans, j’ai pris la retraite des enseignants avec 37ans1/2 de cotisations. Aujourd’hui, c’est l’indemnité de retraite qui me permet de vivre et de continuer ma Mission. Ainsi, l’argent de l’Association Saint Bruno : les dons, les quêtes, la vente des Cd… est totalement investi dans l’Humanitaire. L’Association Saint Bruno aide actuellement avec beaucoup de régularité le Père Pedro de Madagascar, les Soeurs de N.D de la Salette de Madagascar, la Pouponnière de la Médina à Dakar, la scolarisation de 60 enfants en Haïti, les Chrétiens d’Orient…C’est la raison pour la quelle je conseille aux jeunes qui veulent se lancer dans cette activité chantée de commencer par trouver un métier qui leur permettra tout simplement de vivre.
L’apostolat suppose entière gratuité.
Le fait même d’être enseignant m’aura ouvert des portes : écoles, collèges, Lycées, animations de Journées Pédagogiques, de journées de formation dans les C.F.P, ou de stages pédagogiques comme « Éducation et Culture »... J’ étais un des leurs.
Georges Brassens affirmait : « Lorsqu’une chanson arrive à pénétrer dans une école, que son avenir est assuré... »
J’ai donc eu beaucoup de chance.
IV.-
- Vous avez actuellement plus 900 chansons déposées à la Sacem. N’a-t-on pas l’impression de se répéter ?
Quand je chante j’existe ! La chanson c'est un mode d’existence, un mode de vie, une destination, un Art de vivre.
La chanson adoucit les moeurs. Elle adoucit aussi mes propres mœurs. On écrit souvent à partir d'une fêlure. On ne se veut pas à toute force auteur-compositeur-interprète sans quelques failles, sans quelques "intranquillités secrètes et fécondes". Dans la chanson il y a un abandon et une fragilité. Écrire est donc une thérapie.
« A-t-on l’impression de se répéter? » Écrire des chansons c’est toujours tourner autour du même pot. Mais, dire qu’on écrit toujours la même chanson me paraît inexact. Je pense plutôt qu’on écrit une seule chanson qui se prolonge morceau par morceau.
" Je fais des chansons comme un pommier fait des pommes. Faut-il encore que les pommes soient croquées." Charles TRENET
Je vais vous dire, quand on fait une chanson, il faut avoir la prétention de changer le monde et en même temps avoir l'humilité de se dire que si cette chanson ne touche qu'une ou deux personnes, ça vaut le coup qu'elle existe.
La chanson c'est en quelque sorte une passion qui vous dévore. J'ai suivi une intuition sans jamais mesurer ce qui se passait.
J'écris toujours la dernière chanson comme si c'était la première et par définition comme si c'était la dernière.
Je précise qu’user le verbe "écrire" à propos de mes chansons est un peu prétentieux ; ce sont toutes des chansons fabriquées avec insouciance et rapidité. Mais, écrire une ritournelle est une des choses les plus difficiles à écrire.
Je suis le premier étonné de constater que certaines de mes chansons tiennent encore debout avec la force d'un édifice où tout est voulu et pensé. Je reste époustouflé lorsque j'apprends que certaines de mes chansons existent encore dans la vie quotidienne des gens et les aident à vivre.
- Vous avez édité près de 150 Cd-Dvd-livres. Tous vos albums portent pour titre un verbe à l'infinitif: Trouver. Rêver. Choisir. Décider. Remercier. Naître. Veiller...etc. Un peu comme une marque de fabrique. Y a-t-il un lien entre ces verbes? Et quel est le verbe le plus important dans votre vie?
- Transmettre. La volonté de transmettre reste ma démarche première. Elle est pour moi un défi quotidien.
Mais vous savez, ça tient encore du miracle de faire des disques de nos jours.
- Avez-vous des chansons traduites en langue étrangère?
Il m’arrive encore aujourd’hui de recevoir des enregistrements :
En Allemand (Chercher avec Toi, Marie).
En Arabe (Une amie libanaise: Marina, a traduit et interprète avec beaucoup de talent une vingtaine de mes chansons. Nous avons fait une superbe veillée ensemble à Beyrouth au profit des personnes âgées. Marina chantait en arabe, je reprenais en Français devant une assemblée médusée. Moment plein d’émotion.
En Dialectes Africains...
En Polonais (S'il y a des larmes) -
En Espagnol (Trouver dans ma vie) -
En Sud Coréen (Une Voix, Marie - Un vent d'espoir) - En Malgache.
- J’observe que, dans tous vos enregistrements interviennent des chorales. Les choeurs semblent donc si importants pour vous ?
Un choeur est un travail de groupe. Un choeur apporte un plus d’énergie, de présence, de sensibilité, de puissance, de magie…
- Quelle est votre plus belle chanson ?
- La prochaine. Celle qui est à venir. Celle qui n'est donc pas encore écrite.
- En fait, on connait vos chansons mais souvent on ne sait pas que c'est vous l'auteur-compositeur.
- C'est voulu, calculé. J'ai toujours personnellement refusé d'être médiatisé. "Pour vivre heureux vivons caché".( Le grillon de Florian)
Mon moteur n'a jamais été dans la recherche de la célébrité, ni de la notoriété. Mon moteur est dans mon engagement de vie. Rester dans l'ombre est un véritable confort. Je n'ai aucune envie d'être dans la lumière.
Partir en tournée, est encore pour moi aujourd'hui une épreuve.
En chantant on apprend qui on est. Ce sont les autres qui nous révèlent à nous-mêmes.
Les gens viennent m'entendre pour chercher quelque chose. Mes chansons me permettent de les rejoindre.
Ces mêmes chanson se veulent être un instrument, un outil de travail mis à la disposition des chorales, des aumôneries, des Mouvements d’Eglise…
- Franchement, vous êtes tous pareils, vous les chanteurs chrétiens : vous ne répondez jamais à la question essentielle : " A quoi sert de chanter ?
- La Parole poétique ne sert à rien dit-on. Mais, c’est parce qu’elle ne sert à rien qu’elle est si utile, si nécessaire.
Je chante comme pour trouver un abri, un refuge,
Je chante pour alimenter mes rêves, mes projets, mes défis, mes désirs, mes délires.
Je chante pour faire le pied de nez à Monsieur l'ennui et à Dame désillusion de la vie.
Je chante pour naître, pour grandir, pour tenir debout, pour me retrouver moi-même.
Je chante pour vivre, pour ne pas mourir, pour résister, pour ne jamais renoncer, pour ne jamais baisser les bras.
Je chante pour ré-interpréter l’Amour, pour célébrer la Vie, pour chanter le monde qui se fait et se défait et se refait encore et se redéfait à nouveau...
Je chante pour dire que je suis « sans royaume » « orphelin ». Ou plutôt, pour expliquer que mon « Royaume n’est pas de ce monde » et que je crois en l’Infinie Tendresse.
Je chante pour trouver la force de m’engager dans l’incertitude et pour réussir à traverser le doute.
Je chante pour apprendre à être meilleur.
Vous voyez, la Parole poétique aide à vivre. C’est parce qu’elle ne sert à rien qu’elle est si nécessaire, indispensable.
Alors, je continue à chanter.
Je chante pour dire non. Pour dire que je n’accepte pas le monde tel qu’il est, avec sa part d’injustices et d’inégalités, de guerres, de violence, de drames et de massacres.
Je chante pour dire non. Pour dire que je refuse le mensonge et l’hypocrisie. Mais aussi pour dire oui à une société plus solidaire et plus humaine.
Je chante pour dire oui, et agir en citoyen du monde, par-delà les frontières et les différences.
Je chante pour dire oui. Oui, à l’Élan du cœur. Oui, à la Clarté de la voix. Oui à la Beauté intérieure. Oui à la Couleur de l'âme. Oui à la Puissance de la Pensée. Oui, à l’Invisible Tendresse... Oui pour aller vers l'amour et non pas vers la haine.
Je chante pour dire que l’homme quelles que soient ses compétences professionnelles – aussi considérables soient ses compétences professionnelles – n’est rien sans le savoir-être et le savoir-vivre-ensemble.
Je chante pour dire que rien n’est pire que le mutisme, le non-dit, la fuite en avant, l’absence de dialogue qui n’est autre que la pire des prisons.
Je chante pour casser la machine à désespérer.
Je chante pour dire que finalement je me contente de ce monde et que mon objectif est de l’aimer ce monde. D’aimer véritablement mon époque en lui apportant quotidiennement le meilleur de moi-même et en lui offrant chaque jour ce qu’il y a de Bien, de Beau, de Vrai au plus profond de moi.
Je chante pour ne pas oublier le Sens de ma vie et l'Essentiel de mon existence.
Je chante pour dire que je crois aux Forces de l’Esprit et que je ne cesserai de chanter et de chanter encore pour exprimer avec force Celui qui me fait vivre !
- A partir de quel moment une chanson profane devient-elle chanson chrétienne ?
- Bonne question, car la publicité aussi se chante ! On peut chanter les produits de beauté, de lessive, des slogans pour manifs... mais c'est pour mieux les imprimer. La foi qui se chante voudrait moins imprimer que exprimer. Le chant chrétien exprime une Histoire, une Expérience de Dieu, un Espace de communion avec Dieu.
Alors, à quel moment le chant profane devient-il chant religieux? Au moment où le chant devient champ de l'Esprit-Saint.
- Faites-vous une différence entre chant et chanson ?
- Bien sûr ! Même si l'origine est identique : du verbe latin canto, ( as, are... Je chante, tu chantes, chanter) a donné chant et chanson.
Un chant est une musique très libre sur un texte (sans véritablement de "mesures" comme dans la musique grégorienne par exemple.Ou les Psaumes).
Une chanson, est construite en alternant refrain et couplets. Le terme chanson induit une connotation de simplicité, de proximité. Elle reste considérée comme un genre mineur, parce qu'il est assez facile de créer une chanson, même si l'on n'est ni un grand poète, ni un grand musicien. Ce qui est mon cas. Souvent, une musique plaisante compense un texte indigent. Et même si l'oeuvre est faible, la musique peut facilement émouvoir.
On classe certaines chansons dans la rubrique chant pour bien signifier leur valeur. Si vous dites par exemple que la Marseillaise est une chanson vous dévalorisez sa grandeur.
La chanson la plus importante de Billie Holiday c'est le chant Strange fruit, métaphore de ces Noirs américains lynchés. Le lynchage était alors une pratique courante, surtout dans le sud des États-Unis. Les assassins enlevaient leur victime, la pendaient,
lui jetaient des pierres puis brûlaient son corps, c'est pourquoi ce chant évoque l'odeur de la chair brûlée.
- Que dites-vous lorsque que vos chansons sont critiquées, caricaturées ?
- Je dis tout simplement que mes chansons sont assez grandes pour se défendre elles-mêmes toutes seules.
- On décrypte en filigrane dans vos livres (vous avez écrit 6 livres, je crois) beaucoup d’interrogations et de souffrance. La vie serait-elle une épreuve?
- A chaque jour suffit sa grâce. Devenir soi est une épreuve. Être capable de jongler avec les différentes facettes de soi, c’est accéder à une vraie liberté intérieure. Cela ne peut se faire sans souffrance.
« On ne guérit jamais de son enfance » (Jean Ferrat).
On n’est jamais réparé totalement. On n’a jamais totale confiance en soi.Nous sommes condamnés à toujours grandir davantage, à passer les épreuves, à nous remettre debout. Cela s'appelle la force du mental.
On écrit toujours à partir d'une fêlure. Et, comme je l’ai déjà dit, écrire est plus qu’une thérapie, c’est une Mission.
- Dans une de vos chansons qui s’intitule: «St Benoit-Joseph Labre», vous dites: «La route était son monastère...». Est-ce que cette expression vous concerne ?
- Je me considère comme un itinérant, c’est à dire toujours en quête. L’immobilisme nous plombe. La vie est une aventure. Si nous perdons l’Espérance, nous perdons le sens de la marche. Faut aller jusqu’au bout. Vivre ses rêves ! Avance et tu seras libre ! La chanson c'est le voyage de l'âme dont le chemin est nous-même. La chanson est donc un voyage pour se découvrir soi-même.
Faire près de 100.000 km par an au volant de sa voiture, c’est passer des heures et des heures le nez collé au pare-brise du véhicule. Des heures avec Dieu. J’aime le voyage autant que le point d’arrivée. Le temps est fait pour Dieu. Mon véhicule tout comme ma Bible sont mes lieux de vie.
Où habitez-vous me demande-t-on parfois? J’habite la chanson, j’habite a scène.
Le chanteur chrétien est tout à la fois un PASSEUR de PASSAGE.
On ne peut pas assurer cette activité chantée pendant 40 ans sans être soutenu par une Grâce d’État.
- Quarante ans de chansons chrétiennes. Quarante ans de complicité avec votre public. Qu’avez-vous fait pour durer 40 ans ?
- Rien. Je n’ai rien fait pour ça. D’abord, je n’ai jamais vraiment cru que cela durerait 40 ans. Et puis si c'est l’Oeuvre de Dieu, les choses dureront le temps que Dieu aura décidé que ça dure. Si c’est l’oeuvre humaine, ça disparaîtra.
Le meilleur historien, le meilleur critique de la chanson chrétienne a un Nom (mais pas de visage) : c'est le Temps. Année après année, dans un silence menaçant qui effraie tous les auteurs-compositeurs-chrétiens, il trie le bon grain de l’ivresse. Pourquoi une chanson dure-t-elle 40 ans ? Pourquoi une chanson disparait-elle après quelques mois ? L'oeuvre du Temps. Mystère.
C'est la sensibilité qui fait un chanteur. Ce n'est pas moi, c'est la version de moi.
Peut-être que, pour résister au temps il faut s'adapter constamment. J'ai bien dit s'adapter et non pas chercher à tout prix à être dans le vent. Rappelons-nous le mot de Gustave Thibon : "Être dans le vent, c'est l'ambition d'une feuille morte"
Le verbe durer est certainement, le verbe le plus difficile à conjuguer au présent de l'indicatif tout simplement parce que In fine c'est toujours le Public qui décide.
Je n'ai donc rien fait pour durer. Au contraire ! Même si les apparences sont trompeuses, sachez que je n'ai jamais pris mon pied. Je ne me suis jamais éclaté. Animer une Veillée ou un Rassemblement c’est vivre dans le stress. C’est vivre dans la torpeur. "Demain j'abandonne..". J'ai toujours été l'homme au mille tourments. Parfois torturé.
La chanson m'aura en quelque sorte sauvé. Pourquoi ? Parce que la chanson est un langage d'amour. C'est quelque chose de mystérieux qui se dégage de soi-même. C'est l'expression de sa Foi. Or, dire sa Foi quotidiennement, avec des mots, des notes de musique, c’est la faire grandir. Une Foi qui ne s'exprimerait jamais, ne risquerait-elle pas de s'atrophier ?
Ma prétention ? Devenir, grâce à la chanson, un messager et de me retrouver moi-même.
Ma prétention ? Habiter la confiance. Or, habiter c'est posséder un espace et le faire exister. Habiter ne va pas sans cohabiter. Habiter, c'est être soi pour les autres.
Ma prétention ? Être authentique. Car faire le programme d’une Tournée de chants (d’une série de spectacles ), ça n'est pas choisir des chansons, c'est choisir ce qu'on veut dévoiler de soi-même.
Une chanson, c'est aussi, quelque fois, pousser un coup de gueule.
V.-
- Dans chacune de vos veillées, vous utilisez beaucoup la vidéo, c’est-à-dire l’image.
- L’image est un langage. La lumière est un langage. La musique est un langage.
Déjà lorsque j’étais enseignant, j’utilisais beaucoup le schéma, le dessin, la diapositive pour solliciter l’attention et la mémoire visuelle des élèves. Et puis, tous les cinéastes vous diront que l’émotion naît de l’image et du son qui ne sont pas une addition, mais une multiplication.
Mais, n’oublions pas que la technique reste l’élément secondaire. Elle est au service de l’essentiel.
La réussite d’une veillée est toute dans l’énergie, dans la façon de se donner corps et âme comme si c’était la dernière des dernières.
- Il paraît que lorsque vous installez votre sono avant une veillée du soir, vous êtes maniaque insupportable. Limite pas sympa ?
- C’est un signe d’anxiété, de stress, de peur. On sait qu’on affrontera un Public.Tous les chanteurs ou acteurs éprouvent cette angoisse. Du coup, je n’ai jamais connu l’insouciance. Avec l’âge, la peur a fini par devenir une vieille compagne auprès de qui, finalement, je vis assez bien.
- Quelle différence faites-vous entre un "spectacle", et une "veillée" ?
- Une veillée est plus qu'un spectacle c'est un rendez-vous de vie.
Une veillée, c'est un moment qui rend heureux. C’est une fenêtre qui s'ouvre sur le rêve, sur la Lumière.
- Ne pensez-vous pas que tout rassemblement collectif qui présente un caractère euphorique peut avoir ses déviances?
Je comprends ce que vous voulez dire. Effectivement, il peut y avoir des dérives. Il est important de réfléchir par exemple, à la limite entre l'aspect commercial et l'aspect spirituel. Ou encore à l’utilisation des techniques du marketing, de merchandising, du business religieux.
Quand il est placé dans une ambiance de concert, le chrétien quelque soit son âge, réagit comme à n'importe quel concert profane.
Attention aussi car le chanteur peut influencer ou même s'approprier les consciences.
Quoiqu’il en soi, je suis de ceux qui pensent qu'une veillée bien animée, peut montrer que le Feu de l'Esprit continue d'embraser les coeurs.
- Vous n'utilisez jamais le mot : spectacle ou concert mais veillée. N'êtes-vous pas un artiste ?
- Il me semble que ce que je fais, ne relève ni de l'expression ni de la création artistique mais de l'expression, de la création catéchétique.( du grec : Katehein » : se faire l'écho de, rendre l’écho. Le but de la catéchèse étant d'éveiller, de nourrir, de développer, d'éduquer, d’épanouir la Foi Vivante. Il ne s'agit donc pas d'un show, d'un spectacle, d'un concert, mais d'une Veillée. Mon objectif étant d'exprimer par la chanson mon Défi évangélique, mon Pari sur la Foi.
Les groupes qui m'invitent dans leur Paroisse, dans leurs établissements scolaires…m’invitent en toute connaissance de cause pour un " Temps Fort de Veillée"...
Chaque soirée, chaque veillée est une Rencontre. Rencontrer, c'est être présent aux autres. On ne s'appartient donc plus pendant quelques heures.
Sachant qu’on ne devient crédible qu’à la condition de présenter quelque chose de Beau. La qualité artistique est donc essentielle.
C’est en rayonnant du Beau, que nous ferons du Bien.
- Vous assurez une moyenne de 120 veillées chaque année en France. Mais on vous voit aussi à l'île de la Réunion, au Sénégal, au Togo, au Bénin, aux U.S.A, au Canada, en Haïti, à Madagascar…On a du mal à croire que vous êtes un timide, un anxieux, limite introverti. Paradoxe ?
Paradoxe, c'est le juste mot.
Partir, m'arracher de mon chez moi, est chaque fois une épreuve, un défi.
Partir, se retrouver sur l’autoroute le nez collé au pare-brise de la voiture, attendre des heures dans un hall de gare, ou chercher une correspondance dans un aéroport ne peut s'expliquer vraiment que parce que partir est engagement de vie et non pas du voyeurisme. Que parce que partir est une démarche évangélique et non un safari-photos. Heureusement, il y a la Grâce d'État ! (rire)... Je suis dans une histoire qui me dépasse.
Tous les jours je demande à Marie Mère de Dieu de m'obtenir l'énergie suffisante pour répondre à ce que Dieu attend de moi.
- Il suffit de faire " You Tube GIANADDA " et, surprise... force est de constater le nombre impressionnant de chansons et de clips que vous avez sur You Tube... mais aussi le nombre incroyable de personnes qui visionnent vos morceaux ?
- Vous me soupçonnez de m'être Youtubé ? ... Facebooké ?...Réseauxsociauxlisé...? (Rire). Pourquoi ne pas admettre que You Tube, par exemple, peut devenir un immense champ d'action apostolique et aussi un moyen de donner l'occasion de se déconnecter du superflu pour se connecter à l'Essentiel ?
- Quel conseil donneriez-vous à un jeune qui voudrait se lancer dans la chanson chrétienne?
- Je n'ai de conseil à donner à personne.Tout au plus formuler une suggestion : Soyez vous-même...!
- Mais encore...?
- T.T.C !
T comme Travail.
T comme Talent.
C comme Chance.
- Avez-vous un style ?
- Le vrai style c'est de ne pas en avoir. Dans cette activité on est constamment en apprentissage.
- Qu’est-ce que le talent ?
Brel disait: « Un artiste est celui qui a mal aux autres ».
Le talent, c’est peut-être la capacité, la compétence, l'aptitude de rejoindre les gens, d’exprimer leur rêve.
Le talent c'est une vérité qui s'exprime. C'est une force, une énergie qui se dégage de quelqu'un.
A du talent celle ou celui qui crée un moment de Vérité et qui dégage quelque chose de Beau.
J’ai remarqué que le mot talent est utilisé y compris par des personnages politiques. Dans leur esprit c’est une compétence, une aptitude à faire face à l’incertitude, donc à la prise de risques comme enjeux de la réussite économique...
Le talent c’est certainement une force qui fait que chacun est Unique. Robert Hossein disait: «Le génie, c’est 18 heures de travail par jour, le talent, c’est d’en trouver aux autres.».
Le talent, c'est peut-être ce que dégage un artiste.
Attention ! ne pas confondre le talent et la séduction : du latin seducere : détourner du droit chemin, tirer à l'écart, ramener à soi, qui est un procédé visant à attirer à soi à susciter l'admiration.
VI.-
- Qu’est-ce qu’une Star ou une Vedette ?
- C’est une personne qui, à force d’être adulée, vénérée, idolâtrée, encensée, médiatisée, en est venue à vouloir ressembler à cette image trafiquée d’elle-même.
- Et lorsqu'on vous Startise ou Vedettise ... avec interviews et photos par exemple ?
- Alors je me sens agressé. Je suis de ceux qui pensent que le moi, l'ego, le nombrilisme, le narcissisme, tout ce qui peut attirer à soi, pour susciter l’admiration, est inintéressant pour ne pas dire haïssable.
- Qu’est-ce qu’un «Tube » ?
- C’est une énergie. Une authenticité. C’est une chanson qui rejoint les gens.
- Lorsque vous écoutez d’autres chanteurs au style très différent, comment réagissez-vous ?
- J’ai la chance d’être « bon public» quel que soit le style de chanson. Heureusement que des styles différents existent puisque nos sensibilités sont toutes différentes.
Et de toute façon, qui suis-je pour juger ? Il y a deux aspects de la perfection dans l’Evangile : ne pas juger les autres et donner du fruit.
Attention, je mets cependant une réserve concernant certaines chansons Rap dont la philosophie est inacceptable.
Qu’est-ce qui fait qu’une chanson devient «populaire» ?
- Il me semble, que ce qui fait qu’une chanson descend dans la rue, c’est la musique. Ce qui fait qu’elle y reste, c’est le texte. Un texte habité, inspiré, magique. « Les mots sont des actes, ils portent des valeurs » (Richard Ford)
- Quelles sont les qualités d’un chanteur ?
- La sincérité. La vérité. L’authenticité. Être soi-même.Touchant. Émouvant. Charismatique. Généreux avec son public. Il engage son âme. Il communique une force, une énergie. C'est un passeur d’histoire. Il a constamment la capacité de s'émerveiller. Et j'ajouterais que le chanteur chrétien est habité. On dit souvent d'un chanteur qu'il a le Feu Sacré. Chez un chanteur, il y a quelque chose de mystérieux qui se dégage. Le chanteur chrétien est un Témoin, un Signe, c’est-à-dire quelqu'un qui s'est mis au service des autres, qui a opté pour le Beau, le Bien, le Vrai.
Il me semble que la qualité essentielle d'un chanteur c'est d'être combatif.
- Pourquoi combatif ?
- Parce que pour moi, chaque veillée (vous dites: spectacle) est un tour de force, un challenge, un défi, une épreuve, un combat. Devant le public, je mène un combat torride. Comme si c'était le dernier. C'est finalement un métier à part entière. Il faut donc être capable de gérer la pression, le stress, la fatigue, la critique. De se battre contre soi-même. Contre sa timidité, son narcissisme, son stress, son angoisses, sa fatigue. De gérer l'indifférence, le désintérêt, la jalousie des autres. De gérer les éléments extérieurs : la technique, la sono, mécanique voiture, les intempéries, les incidents, les accidents.
Ne jamais accepter d'être téléguidé.Continuer à exister pour les gens.
Vivre c'est résister. Se battre c'est exister. Gérer c'est défier. Se battre, c'est déjà gagner.
J'aurai mené ma vie comme on mène une bataille. Gagner ou perdre et le lendemain recommencer. « Struggle for life » disent les anglais. " Ceux qui vivent, ce sont ceux qui luttent "(Victor Hugo). Quand on bascule et qu'on se relève ça s'appelle la force du mental. La solution est en nous.
- Quels sont les défauts d’un chanteur ?
- La prétention, l'esprit de sérieux, l'arrogance des pédants. Le narcissisme hypertrophié.
Attention ! j’ai bien dit « hypertrophié » car une bonne assise narcissique est indispensable à une bonne estime de soi.
VII.-
- A votre âge, vous êtes toujours aussi boulimique, hyperactif, angoissé, constamment "en représentation"
- On est vieux quand on n'a plus la hargne. J’ai eu 35 ans. C'était trop bien. Tellement bien que j'y suis resté. (rire).
Au fur et à mesure que les années passent, on apprend à être et non pas à paraître.
Boulimique ? C'est le mot juste. J'ai tellement peur que ça s'arrête demain. Alors je dévore la vie par les deux bouts !
Là où je suis le plus moi-même, c'est lorsque je chante devant un Public. Je donne beaucoup mais les gens me le rendent mille fois plus.
- Je brûle d’envie de vous demander : " Quel est le but… quel est le sens de votre vie" ?
- L’Évangile définit ce But, le Sens de la vie du chrétiens : « Aimer Dieu de tout son cœur, de toute son âme, de toute sa pensée, de toute ses force… ». Pour accéder à ce but les voies sont multiples : l’action, le service d’Église mais aussi la vie contemplative. Il y a autant de voie pour accéder à l’Amour de Dieu que de destins. « Si je vis ce n’est plus pour moi mais pour le Christ qui vit en moi » (Ga 2,20).
Seule la prière quotidienne peut nous rappeler à cette réalité de Christ en nous-même.
- Peut-on dire de vous : " Tout lui réussi" ?
La vie ne fait de cadeau à personne. Vivre c'est prendre des claques.Vivre c’est agir.
Agir c'est apprendre à accueillir des choses différentes de ce qui était prévu.
Agir c'est être confronté à l'erreur; à l'échec." Je ne perds jamais, soit je gagne, soit j'apprends." (Nelson Mandela).
Agir c’est apprendre de ses erreurs c'est avoir le droit à l'erreur. Appendre de ses échec c'est le début de la sagesse. Perdre est lié aux interprétations capricieuses de notre ego. Tout est dans la capacité de se mettre debout, de se remettre en route... Avance et tu seras libre !
- Vous écrivez toujours avec un feutre mauve ?
- Le mauve est un mélange de deux couleurs: le rouge du révolutionnaire et le bleu du patriote, de l'horizon, du visionnaire, du Ciel, des Mers et des Océans. Le mauve nous appelle à mélanger nos différences, à bâtir ensemble, à construire ensemble l’avenir. A montrer encore plus haut.
- Quelle est la question que vous vous posez le plus souvent aujourd'hui ?
- A quoi je sers ? Est-ce que je sers mon narcissisme ? Mon ego ? Ou bien est-ce que je sers Celui qui me fait vivre...?
- N'y-a-t-il pas une autre question qui vous obsède actuellement ?
Dès les premières pages de la Bible, Dieu nous lance un Appel : " Qu'as-tu fait de ton frère ?" (Gn 4 :91). A partir de cette question, de cet appel, nous devenons le gardien de notre frère, nous dit Jésus à chaque page d’Évangile. Mais comment puis-je être gardien de 7 milliards 1/2 et bientôt 8 milliards d'êtres humains qui peuplent la planète ? " On ne peut pas accueillir toute la misère du monde ! ».
Ok, mais on peut prendre sa part. C'est là que se situe la pertinence et l'intelligence de l'Évangile. Cet Évangile qui nous responsabilise et nous libère à la fois. A chacun de choisir, à chaque moment de sa vie, de qui il se reconnaît le gardien et comment. Chacun est responsable de ses choix, puisqu'ils sont libres. Chacun est responsable de ce qu'il fait, mais aussi responsable de ce qu'il n'a pas fait et aurait pu faire.
Mes Maîtres à penser dans ce domaine? Mère Teresa, Père Joseph Wresinski, l'Abbé Pierre, Soeur Emmanuelle, et aujourd'hui Père Pedro.
- Peut-on être à la fois rebelle, passionné, voire révolté comme vous l'êtes et accepter tout ce qui se passe dans ce Vieux Monde?
-Votre question rejoint la question précédente."Vivre, ça n'est pas se résigner" affirmait Albert Camus. Accepter, n'est pas se résigner. Accepter, c'est consentir sereinement à un état de choses contre lequel on ne peut rien. C'est aller jusqu'à dire "OUI" à ce qui ne peut-être changé parce que cela fait partie de ce que nous impose l'existence, le destin, le karma; et, dans un second temps, changer ce qui peut l'être. Épictète affirmait : " Ne demande pas que les événements arrivent comme tu le veux, mais contente-toi de les vouloir comme ils arrivent, alors tu couleras une vie heureuse." . N'est-ce pas le philosophe et théologien Kierkegaard qui affirme: "Ce n'est pas le chemin qui est difficile mais le difficile qui est le chemin..".
Ma prière du soir est souvent celle-ci: " Mon Dieu donnez-moi la sérénité d'accepter les choses que je ne peux pas changer et le courage de changer les choses que je peux changer ».
- Comment percevez-vous notre monde actuel ?
- Qui décide dans ce monde, est-ce le Peuple ou les Forces Économiques ? Nous vivons dans un monde qui bouge à tous crins. La numérisation prend toute la place. L'intelligence artificielle s'impose. L'obsession de notre époque est de retrouver la croissance. Les réseaux sociaux ont un impact incalculable.
Quelle place donne-t-on la place à la Personne humaine?
Ce qui me déstabilise le plus aujourd'hui ce sont toutes ces manifestations hideuses du terrorisme, de l'extrémisme, de l'obscurantisme, du totalitarisme.
Mais aussi, tous ces propos haineux, lâches, racistes, antisémites. Ces comportements de milice. Ces mouvements séditieux. Ces agressions violentes, démoniaques dont l’objectif est : le chaos.
Notre époque aurait-elle enfanté le marasme et le mal-être ?
On peut comprendre une crise sociale, une crise du travail, une crise démocratique mais rien, rien ne peut justifier ni la violence ni la haine. La France était une nation unie, elle est aujourd’hui déchirée.
Or, la France a la capacité de lutter contre ce grand problème de la planète : le changement climatique.
Il nous faut une révolution mais une «révolution spirituelle».
Il nous faut redécouvrir un « supplément d’âme ».(Bergson)
Est-ce qu'à 75 ans, j'appartiens à un monde dépassé ?
Mon Dieu, mon Dieu, donnez-moi la grâce d’aimer mon époque malgré tout et quand même, afin de lui apporter ce qu’il y a de Beau, de Bien, de Vrai au plus profond de moi.
- Pourquoi cette société génère-t-elle autant de violence ?
L’idée d’un monde sans violence est bien entendu une utopie.
La non-violence commence par nous-même. Cultivons en nous l’humain et le goût de la Paix.
Ne baissons jamais les bras ! La Paix ne se fige jamais. La non-violence est une quête au quotidien. La Paix, c’est passer son temps à vouloir le bien des autres.
Ne baissons jamais les bras ! L’individualisme tue la société. Jouons ensemble et nous serons intouchables.
Ne baissons jamais les bras ! Optons pour le vivre-ensemble. Désencombrons nos vies.
Ne baissons jamais les bras ! La civilisation c’est le respect des faibles : enfants, personnes âgées…
Ne baissons jamais les bras ! Jamais …!
- Pourquoi dites-vous que votre activité chantée est une Mission ?
- Une Mission que je me suis attribuée : dire en chansons l’Amour gratuit de Dieu.
Ma Mission c’est d’aimer, de me savoir aimé et d’avoir envie de le chanter.
Une veillée est plus qu'un spectacle c'est un rendez-vous de vie.
J’ai vécu grâce à la chanson parce que ces moment de chansons furent des moments de grâce. Moments hors du temps qui se mesurent au doux parfums qu’il vous laisse pour l’éternité. On s’embellit sur scène.
VIII.-
- Vous avez créé l'Association Saint Bruno il y a 40 ans. Avec deux buts en tête ?
- C'est en 1977 qu'avec le Père Samuel Apakian et Monique Brémond nous avons eu l'idée de créer l'Association Jeunesse et Culture Saint Bruno. J’étais alors directeur du Collège Saint Bruno. D’où le nom « Association Saint Bruno ».
Nous avions deux objectifs en tête lorsque nous avons créé cette Association loi 1901:
a/ Mission d'Église : promotion et vulgarisation de la chanson chrétienne. « La Mission d'un chanteur chrétien c'est de transmettre l'Espérance »
b/ Missions Humanitaires : Aide au développement.
Action de secours. Sauver des vies. Alléger les souffrances. Assister des victimes en détresse. Distribuer une aide matérielle en France et dans les Pays étrangers.
Pour un chrétien, l'Humanitaire est un privilège. C'est la générosité qui fait avancer le monde. Il ne suffit pas de chanter :" Rêve d'un monde plus beau », faut-il encore joindre la parole aux actes. La générosité est une façon de prouver son Amour pour ce monde de prouver son Amour pour Dieu présent dans les plus démunis. " Il n'y a pas d'amour, Il n'y a que des preuves d'amour " (Pierre REVERDY)
Grâce à la vente des Cd-Dvd-Livres, aux Droits d’Auteur, aux quêtes, aux Dons divers…nous essayons de répondre à des besoins humanitaires. Et c'est ainsi que tous les ans, depuis le début de son existence, (1977), l'Association Saint Bruno s’est investie dans nombre d’ Oeuvres Humanitaires. Au tout début, en 1977 ce fut d'abord aider une Maison d'enfants de « Cas sociaux » tenue par des religieuses près de Marseille. Puis, ce fut la rencontre avec l'Abbé Pierre, de Sœur Emmanuelle. Aujourd'hui nous aidons le Père Pedro à Madagascar (Akamasoa) ainsi que les Soeurs de Notre Dame de la Salette à Madagascar (Ihousi). Mais aussi un orphelinats au Togo, une Pouponnière au Sénégal. Une Associations qui aide les Chrétiens d’Orient.
Depuis plus de 18 ans, l'Association SaintBruno, aide le Père Pédro Opéka, prêtre Lazariste, de Madagascar. (Adresse du Père Pédro: Akamasoa - B.P 7010 101 Antananarivo - Madagascar
Pour en savoir plus voir Site : www.associationsaintbruno.net
- Pourquoi aider le Père Pédro de Madagascar ? Ou bien la Pouponnière de Médina tenue par des religieuses à Dakar. Ou bien Emmaüs de l'Abbé Pierre. Ou encore les religieuses de Notre Dame de la Salette à Madagascar. Ou ce prêtre Sénégalais qui au fin fond de la brousse n'a ni presbytère ni église ? Ou encore les Chrétiens d’Orient ?
- L'Abbé Pierre? Soeur Emmanuelle ? Le Père Pedro? Les Soeurs de N.D de la Salette ? Il est des rencontres qui nous transforment et nous rendent meilleur.
Il restera de nous ce que nous aurons donné !
Prêtre de Saint Vincent de Paul, né en Argentine en 1948, de parents slovènes, Père Pedro est le contraire de l'indifférence. Il vit à Madagascar depuis 1970. Dans ce pays où 85% de la population vit en deçà du seuil de pauvreté. C'est là qu' avec une énergie et un charisme qui en font une des grandes figures du christianisme d'aujourd'hui, Pedro accomplit une oeuvre immense. Dans ce lieu de souffrance qu'est Tananarive, la capitale, il ne s'est pas contenté d'apporter des promesses mais des actions concrètes pour sortir des milliers de familles de l'extrême pauvreté de la rue, de la décharge publique vers une vie plus digne et plus humaine. Face à l'injustice, Pedro est un révolté. La révolte contre la pauvreté. Il a fondé l'Association Akamasoa ("Les bons amis") grâce à laquelle il a bâti plus de 6.000 maisons, scolarisé des milliers de personnes. C'est un fou de la confiance, de la solidarité. Et lorsqu'on lui dit : "Pedro, tu es fou !". Il répond: " Je prends exemple sur Jésus qui est mon modèle !".
- Vous avez été invité par les Sœurs de N.D de la Salette en juillet 2017 à Ihousi au Sud de Madagascar. Que vous a apporté ce voyage humanitaire?
- A mon retour, j'ai envoyé à Soeur Élisabeth, Supérieure Générale des Soeurs de N.D de la Salette cette lettre ouverte
Chères Sœurs de Notre Dame de la Salette.
Le 15 juillet 2017 vous m’attendiez à l’aéroport de Tananarive-Madagascar. Il était minuit passé, il faisait froid et pourtant vous étiez là: une soixantaine de religieuses, novices, postulantes dans le froid de la nuit vous étiez là avec ce sourire permanent qui vous caractérise.
Le lendemain dimanche vous m’avez emmené chez Père Pedro pour la Messe suivie d’un petit repas-partage avec lui. Vers 14h, nous avons chanté avec les enfants d'Akamasoa rassemblés dans une Grande Salle. Et toutes les Soeurs, y compris les novices, ont dansé avec les enfants.
Vers 5h, le lundi matin, nous sommes partis dans le Sud du Pays à Vatosoa-Ihosy. Environ 15 heures de route de Tananarive...Mais, qu'est-ce que j'allais donc faire à Vatosoa-Ihosy ? Tenir ma promesse. Car j'avais promis à la Cté des Soeurs de Vatosoa-Ihosy de les aider financièrement. J’allais donc leur apporter un chèque qui allait leur permettre de construire un Dispensaire et une Salle pour stocker des médicaments.
Les villages traversés se sont succédé les uns après les autres.Villages ou plutôt dédales de tôles et ruelles boueuses. Cités des gens qui déambulent pieds nus dans les rues embouteillées avec sur la tête, des sacs de bois, de morceaux de ferraille ou autres objets insolites. Cités des rats où l’eau est gratuite et non potable. Cités des petits commerces de beignets, fruits, légumes qui montrent de la part du Peuple Malgache la rage désespérée non pas de s’en sortir, mais de survivre. La misère et la corruption omniprésentes.
J’en prends plein la figure.Je suis anéanti,bouleversé.
Il faisait nuit quand nous sommes arrivés à Ihosy. Mais nous allions encore plus loin que Ihosy. Nous allions là-bas au fin fond de la brousse. Là où la route se transforme en piste défoncée, impraticable et, semble mener vers nulle part. Nulle part ? Pas tout à fait car c’est là, que vous avez établi votre Communauté mes Soeurs. C’est là que vous vivez du jardinage, de l’élevage des poules que vous faites cuire votre riz, repas journalier, dans la cour de la Communauté sur de petits braseros près de la pompe de forage.Votre vie, elle est là, au milieu du Peuple Bara. Un peuple obnubilé par l'élevage du zébu symbole de richesse et de fierté. Un peuple qui voue un véritable culte à son cheptel et à ses armes qui assurent la richesse. Le peuple Bara est un Peuple pour qui voler des zébus est un trophée, une gloire, un art de vivre. On s’entretue pour ça. C’est là-bas aussi que des parents, envoient leurs filles encore tout juste adolescentes, au marché du village afin d’assurer leur subsistance. Car c'est leur prostitution qui ramène un peu d’argent à la maison pour faire vivre la famille.
C’est là, au milieu du Peuple Bara que vous avez choisi de vivre, mes Sœurs afin de montrer que votre Foi est relation à Dieu à travers les plus pauvres et au service du monde.
C’est là-bas, au milieu des Bara, que vous m’avez appris qu’être « ferment dans la pâte» c’est se mettre en danger parce que l’Évangile est Mission, envoi
aux plus pauvres
Là-bas, mes Sœurs, au milieu des Bara, vous m’avez appris que la Foi Pascale est indissociable de la question : « Qu’as-tu fait de ton frère le plus pauvre, le plus démuni ? »
C’est là-bas, mes Sœurs, que vous êtes les 1ères Chrétiennes de notre ère parce qu’on vous reconnaît au: «Voyez comme elles s’aiment ! », et au : « Voyez comme elles aiment Jésus et la Vierge Marie…! »
Là-bas, mes Sœurs, au milieu des Bara, vous m’avez appris que la foi chrétienne est un engagement de vie et non pas une croyance – une relation avec Jésus, et non pas une religion.
Là-bas, vous m’avez appris qu’être chrétien, c’est lire l’Évangile dans une Communauté pour le traduire en acte dans sa vie.
Là-bas, vous êtes l’âme du monde parce qu’aucune Patrie ne vous est étrangère.
Là-bas, mes Sœurs, vous êtes l’Avenir du christianisme dans ce monde qui est en train de lui échapper.
Là-bas, vous êtes Sel de la terre ! Vous êtes Lumière du monde !
@+ Jean-Claude GIANADDA
P.S: Pour cette Fondation de Vatosoa-Ihosy l 'Association Saint Bruno a remis: 9.300€ .
IX.-
- Quelle énergie à 75 printemps ! Un planning impressionnant. Chaque année un nouveaux Cd , ou Dvd, ou Livres. Ne commenceriez-vous pas votre vie par la fin ?
J’ai été vieux très tôt. J’ai été jeune très tard. (« Un peu plus vieux quand j’étais jeune et un peu plus jeune quand je suis devenu vieux »)
J’aurai vécu ma vie à flux tendu : quête d’intensité, soif d’aventure et d’absolu, besoin de défis et de liberté, goût de rencontres et de transparence. Être sur-actif, c'est pas un truc d'ego. On fait appel à moi et je ne sais pas dire non. L'inaction me fait peur. Je me suis rendu compte que je devais être irritant parfois en étant partout, en voulant toujours faire passer mes idées.
La vieillesse n'est pas un naufrage. C'est un état de vie. J’ai eu 75 ans en 2019 et je m'amuse toujours autant. L'important est d'être bien dans sa tête. La supériorité des Vieux, dont je suis, c'est qu'ils ont la conscience du passé et l'intuition du futur.
« Le dramatique de la vieillesse, ce n'est pas qu'on se fait vieux, c'est qu'on reste jeune. » (Oscar Wilde)
« Il y a on ne sait quelle aurore dans une vieillesse épanouie. » (Victor Hugo)
« On ne devient pas vieux pour avoir vécu un certain nombre d’années : on devient vieux parce qu’on a déserté son idéal. Les années rident la peau ; renoncer à son idéal ride l’âme. » ( Marc Arthur)
- A 75 ans, vous remplissez encore toujours les églises. Comment fait-on pour toucher le public pendant 40 ans?
- Ça, c'est un Mystère. Je me pose moi-même la question. C'est le public qui choisit. Un chanteur est toujours choisi par un public. Et j'irai même jusqu'à penser que ce sont les chansons qui choisissent leur auteur ? (Rire )
Pas besoin d'inventer qu'on est né dans la rue. Qu'on est un ancien drogué. Non, il suffit d'être totalement soi-même !
Jusqu'ici mon destin ressemble à mes rêves de gamin.
- Et de quelle énergie vous nourrissez-vous ?
- De la passion, de la rage de vivre et de rester debout. La foi chevillée au coeur et la prière comme source d'énergie renouvelable. J'aurai mené une vie comme on mène une bataille.
- Vous donnez l'impression d'un solitaire, un peu ours.
- La solitude est synonyme de liberté. Il y a quelque chose de mystique dans la solitude. Demandez donc aux moines cisterciens, ils vous expliqueront.
- Mais, c’est Bécaud qui chantait: « La solitude ça n’existe pas… »
- Mardi 10 juillet je découvre le Massif de la Grande Chartreuse, sur les traces d’une âme dont le nom ne m'est pas étranger : Saint Bruno. C’est en 1084, qu’il installa sa 1ère Communauté d’ermites avec 6 compagnons dans ce désert de silence et de solitude.
Actuellement, vivent à la Grande Chartreuse, une trentaine de Trappistes. Chacun des moines vit sa vie dans une cellule d’environ 5m/5: un lit, un coin prière, un point d’eau, un bureau. L’atelier personnel étant en bas attenant à un petit jardin.
La vraie demeure de ces moines c’est donc la Solitude.
La Solitude pour le détachement et l’attachement.
Une question m’obsède : pour un être impatient d’Absolu, existe-t-il une autre Voie que celle de la Solitude ?
Mais, est-ce que ces moines sont vraiment seuls ? Solitaires ils sont, mais tellement riches de l’Amour de Dieu.Tellement pacifiés par la contemplation de Dieu.Tellement comblés par l’union à Dieu.
La solitude pratiquée par tant de Sages, d’artistes, de Saints, et par Jésus lui- même au Mont des Oliviers permet de rassembler ses propres forces, de sauvegarder son irréductible étrangeté, et ainsi d’accéder à ce qui ne périt pas: l’Eternel ?
La Solitude ne permet-elle pas de vivre à l’ombre de Dieu? Aucune comparaison avec l’isolement, l’enfermement, l’emprisonnement qui sont la négation de la liberté.
La solitude, est le lieu où l’on trouve la liberté. Pour devenir soi, et libre ne faut-il pas lâcher le recours à l’autre?
La solitude invite à la rencontre avec soi-même. « Connais-toi toi-même et tu connaîtra l’univers... » (Socrate « Habitante secum » habiter avec soi)
Gilbert Bécaud avait donc raison d'affirmer: "La solitude ça n'existe pas..."
La vraie solitude renvoie à : l’Esprit Saint.
- On sent que vous êtes un passionné des Droits de l'Homme. Quel est votre rêve pour le monde d’aujourd'hui ?
- Une planète écologique, fraternelle et solidaire...!
Cyclones Irma, cyclone José, tremblements de terre, chaleurs torrides, pluies diluviennes. Aurons-nous enfin le courage de nous poser les vraies questions? Celles du réchauffement climatique? Des gaz à effet de serre? De la pollution atmosphérique ? Du déséquilibre que nous provoquons ?
Glyphosate dans le miel des abeilles. Plastique dans le poisson. Quand prendrons-nous conscience que notre destin est lié au destin des animaux et de la nature ? " Nos civilisations peuvent être mortelles." (Paul VALÉRY)
Aurons-nous le courage de prendre conscience que nous sommes devant quelque chose que nous avons nous-mêmes déclenché? En construisant n'importe où. En bétonnant, en asphaltant n'importe comment. Ajoutons à cela nos voitures polluantes. Arriverons-nous à nous débarrasser du pétrole? La nature se venge-t-elle ?
La nature nous rappelle à l'ordre. Elle ne négocie pas.
" Dieu pardonne toujours... L'Homme pardonne parfois... la Nature jamais ! " (Pape François)
" Car celui qui cueille une fleur forcément dérange une étoile. Mais celui qui plante une fleur, forcément fait naître une étoile..."( Jean Claude)
« Laudato Si » ! «Loué sois-tu, mon Seigneur», (Lettre Encyclique du Pape François )
X.-
- Comment avez-vous accueilli cette distinction: « Hommage de la Sacem 2008 " ? Ainsi que " l'Oscar de la chanson chrétienne " qui vous a été remis le 16 janvier 2016 par l'Archevêque de Dakar Mgr Benjamin NDIAYE ?
- Un Hommage est une reconnaissance. Plus que d’être connu, ce qui importe pour chacun de nous, c’est d’être reconnu. Être reconnu, ce n’est pas être en quête de compliment, c’est devenir Signe, Témoin.
Être reconnu permet de valoriser sa propre singularité. Il me semble qu’on ne peut s’estimer que parce qu’on a la reconnaissance des autres. Une personne vaut pour ses qualités humaines: qualités de coeur, de générosité, d’attention à l’autre, d’abnégation, d’humilité. Une re-connaissance entraîne souvent une re-naissance.
Le plus curieux, c’est qu’il y a chez moi, à la fois le désir d'être reconnu et en même temps la volonté de vivre caché. Serais-je donc en contradiction avec moi-même ?
- Mardi 15 novembre 2016, vous recevez un message de la Préfecture de Marseille annonçant que vous étiez promu Chevalier dans l'Ordre National du Mérite. Qu'avez-vous dit ?
« Merci, Monsieur Jean-Claude GAUDIN, Sénateur Maire de Marseille, ancien Ministre. Les Marseillais doivent beaucoup à l’homme de Bien à l’homme de coeur que vous êtes.
Cette Distinction, exceptionnelle et prestigieuse de Chevalier dans l’Ordre National du Mérite, je l’accueille avec respect, avec bonheur, et même avec émotion.
J’accueille donc cette distinction avec respect parce qu’elle m’honore. Elle honore aussi tous les membres de l’Association Saint Bruno qui, depuis 1977 (40 ans), n’ont cessé d’œuvrer sans compter, afin de répondre toujours plus et toujours mieux à ces deux Missions qui sont les siennes: a/ Promotion du chant chrétien et b/ Aide humanitaire.
Cette Distinction je l’accueille avec bonheur comme une re-connaissance. Plus que d’être connu, ce qui importe pour chacun de nous c’est d’être re-connu. Être reconnu ça n’est pas être en quête de médaille, de récompense, ou de congratulations... être reconnu c’est devenir Signe, Témoin, Porteur de valeurs, Transmetteur du Beau. Être reconnu permet de valoriser sa propre identité, sa propre singularité et de donner un Sens à sa vie.
Il me semble qu’on ne peut s’estimer soi-même que parce qu’on a la reconnaissance des autres.
Cette Distinction, je l’accueille avec émotion non pas comme un point final, ni comme un aboutissement, ni même comme une consécration, mais comme un Appel à être encore plus et mieux Témoin du Vrai, porteur du Bien, transmetteur du Beau. Je l’accueille comme un Appel à rayonner le Vrai et le Beau pour faire du Bien. »
(23 février 2017- Mairie de Marseille)
- Un Hommage ou une Distinction sont-ils une marque de mérite ?
- Vous savez, le mérite est compliqué à évaluer. Il est lié à la chance, à la Bonne Étoile. Quelle chance aurais-je eue si j’étais né au fin fond d'un bas quartier de Marseille ? Qui mérite quoi ? Peut-être même ai-je été là au bon endroit, au bon moment ?
Le mérite est lié au courage, à l’effort, à la volonté, me direz-vous. Le mérite, c’est viser le Bien Commun. D’après le dictionnaire, c’est :" ce qui rend une personne digne d’estime ». Alors, si c’est le cas, chacun de nous, là où il est, là où il vit est profondément méritant. Voilà la raison pour laquelle j'ai dédié cette distinction à mes parents, mes anciens profs, mes anciens collègues de travail, mes amis, tous ceux que j'ai côtoyés, et qui m'ont aidé en quelque sorte à devenir ce que je suis. En me révélant à moi-même.
- Qu'est-ce que cette distinction a changé ?
Il me semble surtout qu'elle a changé le regard des autres.
XI.-
- Qu’est-ce que la foi?
- Proposer la Foi chrétienne aujourd’hui, ça n’est pas proposer un système idéologique. Pourquoi je dis ça ? Mais parce que ça, les sectes savent le faire et elles le font avec brio. Or, la religion chrétienne n'est pas une secte. Ce qui me permet donc d’affirmer que la Foi n’est pas une doctrine, ni une philosophie, ni une morale, ni un savoir. Aucune religion ne doit nous empêcher de penser par nous-même !
Toute la définition de la foi chrétienne, est dans le mot Rencontre. La Foi c'est une rencontre avec Jésus. Pensons à la rencontre de la Samaritaine, de Zachée, de l’enfant prodigue, des disciples d’Emmaüs... C’est une rencontre tellement bouleversante que le coeur en devient «tout brûlant.».
La foi, elle naît (verbe naître) entre une Parole de Dieu qui se révèle, et la liberté individuelle qui décide de dire Oui.
Vous voyez, on est loin de la gouroutisation. Le gourou, c’est celui qui s’approprie les consciences. Le prosélytisme consiste à faire usage de la force, de la manipulation, de la désinformation. La foi chrétienne, elle, n’a de sens que si elle est libre. Lisez l’Evangile et vous constaterez que Jésus, Lui, ne s’est jamais imposé ! Par exemple chapitre 24 de St Luc, Jésus laisse-là les deux disciples d’Emmaüs avec leur coeur brûlant et poursuit son chemin tout seul dans la nuit. Ce sont les disciples qui Lui courent après. « Reste avec nous, il se fait tard. Et puis regarde, il y a là une Auberge...On T’invite...». Et voilà que ces deux-là cessent de parler avec leur tête, cessent de parler avec des mots, pour parler avec du Pain, pour parler avec l’accueil, pour parler avec le partage. Et c’est précisément à ce moment-là, que leurs yeux s’ouvrent et qu’ils reconnaissent Christ Ressuscité !
La foi est un pari affirmait le philosophe Pascal. Elle est donc un risque.
«Dieu existe, je L’ai rencontré !» Tout est dit.... Merci André Frossard...!
- Doit-on interroger régulièrement et systématiquement sa foi ?
Bien sûr ! S'interroger est une nécessité. La foi chrétienne, n'est pas un héritage à préserver. La foi selon l'Évangile de Luc est un doute mis en question et mis en déroute, elle est un Appel à entendre chaque jour. Un Don de Dieu, une grâce à demander chaque jour. La Foi c’est une force pour vivre.
Elle est une aventure, une liberté, une responsabilité, un «Vivre en Peuple».
Sans compter que la Foi a ses devoirs. Rappelez-vous :" Qu'as-tu fait de ton frère"? Le devoir de se préoccuper d'autrui, de se soucier des plus démunis. L'humanitaire, c'est la Foi mise en l'action.
- Quelles sont les forces de la vie chrétienne?
La gentillesse est une force.
L’Espérance est une force.
L’abandon à la Providence Divine est une force.
Et la théologie dans tout ça ?
Elle n’est rien d’autre que l’intelligibilité de la Foi mise à l’épreuve du temps. Une théologie n’explique pas tout. La question qui nous obsède nous chrétiens : Pourquoi ? Pourquoi le mal ? Pourquoi l’injustice ? Pourquoi la maladie ? Pourquoi la mort ? Pourquoi..?
« La rose est sans pourquoi, elle fleurit, elle ne se soucie pas d’elle-même, elle ne se demande pas si on la voit. » (Angelus Silesius-1624-1677. Poète Allemand - Livre I, 289)
Ma théologie à moi, est celle de l’abandon. Elle se résume en une phrase: « In manus Tuas Domine ». Être entre Tes Mains mon Dieu.
- Qu'est-ce que le Bien ? Le Mal ?
- Le Bien ? Le Bien, c'est le colonel de gendarmerie Arnault BELTRAME, le héros de Trèbes. C'est Mamadou GASSAMA le sauveteur malien. Autrement dit, c'est le courage, l'audace, le caractère, le don de soi, le sacrifice suprême. C'est le visage du modèle, de l'honneur, de l'héroïsme.
Vous allez peut-être me dire qu'on peut faire le Bien par intérêt ? Oui, bien sûr, faire le Bien par intérêt ce n'est plus tout à fait le Bien, mais c'est le Bien tout de même.
Lorsque nous faisons le Bien, Dieu agit en nous et par nous. Le mal, c'est lorsque nous mettons Dieu de côté.
- Quand vous animez une célébration eucharistique, respectez-vous les normes et les directives liturgiques actuellement imposées dans l'Église de France?
- Saint Jean Chrysostome écrivait: « Si le chant n’est pas là pour me faire prier, que les chantres se taisent. Si le chant n’a pas la valeur du silence qu’il a rompu, qu’on me restitue le silence.»
En fait, le mot liturgie du grec « laos » signifie « assemblée » de gens, la foule, le peuple et du suffixe urgie : (du grec- ourgos) travail, production (ex: chirurgie: travail du chirurgien, métallurgie: travail du métal...etc).
Leitourgia veut donc dire : Service du Peuple. Très curieusement la syllabe «leit», a dérivé en latin en «lit»; or la racine grecque «lit» signifie précisément prier. "Liturgia" est donc bien «l’oeuvre de la prière».
Vatican II, nous rappelle que la liturgie n’est autre que l’action du peuple pour honorer son Dieu. La liturgie c’est l’Oeuvre du «Christ total» (Tête et Membres), c’est toute l’Eglise qui présente une offrande pure. Les rites ne sont donc pas des carcans ni des prescriptions mais un acte de glorification de Dieu Père. Les symboles «rassemblent» (racine grecque) la Terre et le Ciel ainsi que l’homme avec lui-même et avec ses frères.
Chanter ça n’est pas tuer le temps durant le temps de la liturgie. Ça n’est ni un alibi, ni une évasion. Chanter c’est célébrer. Le chant fait le peuple qui le chante. C’est lui la vraie musique.
Le chanteur en donnant du Beau à la liturgie, fait quelque chose de Bon. Et si c’est Bon c’est nécessairement Vrai. Et si c’est Vrai, n’est-ce pas Unifiant ?
- Face à l’indifférence ambiante, certains affirment qu’annoncer l’Evangile aujourd’hui: « Ça ne sert à rien...!»
- Il ne s’agit pas de servir à quelque chose, mais de servir Quelqu’un. Catéchiser, c’est éveiller la foi. Catéchiser - du grec catéhein - c’est se faire l’écho. Catéchiser n’est qu’une première étape. Reste la deuxième : évangéliser, c'est-à-dire amener à découvrir l’Amour de Dieu. J'ai eu bon nombre de catéchistes durant mon adolescence. En ce temps-là, dans les années 1956, j'avais donc 12 ans, se pratiquait une catéchèse froide, marmoréenne, distante. "Le Bon Dieu va te punir ! ». On ne lésinait pas avec la religion en ce temps-là. Et puis, heureusement pour moi, est arrivé le Père Duval. " La calotte chantante" comme l'avait surnommé Brassens. Le Père Duval m'a fait découvrir un Bon Dieu qui nous aime tels que nous sommes, un Bon Dieu proche de nous... Même à l’occasion de ses passages à l'Olympia, (et toujours en soutane), le Père Duval n'a cessé de parler de la Tendresse de Monsieur Jésus Christ. Ses chansons : "Qu'est-ce que j'ai dans ma p'tit' tête", " Le Seigneur reviendra", " Rue des longues haies"... (qu'il m'arrive de chanter encore de temps en temps), m'ont Évangélisé. Je dois aux chansons du Père Duval ma Foi Chrétienne d'aujourd'hui.
- Est-il important de se documenter, de lire, de suivre des cours, de prier ?
- Il est essentiel de mieux voir, pour mieux donner à voir.
XII.-
- Vous avez beaucoup de cantiques à Marie...
- Oui, presque une centaine... Que nous enseigne Marie ? Marie nous enseigne à nous tourner vers Dieu. Et puis chaque chrétien n’a-t-il pas pour vocation d’être la continuité de Marie? Marie continue son oeuvre à travers chacun de nous, à travers notre attitude, notre façon de vivre. La piété mariale n’a rien à voir avec la superstition ou la crédulité ; c’est d’abord un art de vivre.
- On vous entend souvent dire que " Marie est Mère de Miséricorde " ?
- Oui, et c'est plus qu'une conviction personnelle. Depuis le concile d'Éphèse (431), Marie est déclarée theotokos, Mère de Dieu. C'est en tant que Mère de Jésus - vrai homme et vrai Dieu - Visage de la Miséricorde de Dieu-Père, que Marie est Mère de Miséricorde.
Sub Tuum Praesidium... : "Sous l'abri de Ta Miséricorde, nous nous réfugions Sainte Mère de Dieu...", c'est la prière la plus ancienne retrouvée au IV° siècle sur un papyrus égyptien. Et puis, rappelez-vous aussi le " Salve Regina..", cette hymne grégorienne composée au XI° siècle :" Je Te salue, Ô Reine, Mère de Miséricorde..."
- Qu’est-ce que la prière ?
- La prière c’est passer du temps avec Dieu. Certes, passer du temps avec les autres, c’est aussi passer du temps avec Dieu. Notre activité quotidienne peut donc, si nous le voulons, être prière.
Faire une retraite spirituelle annuelle, est un temps privilégié pour redécouvrir l’oraison. Pour simplement être là avec et pour Dieu.
Est-ce une perte de temps que de passer du temps avec Dieu alors que tant de personnes ont besoin de nos services et nous attendent ?
" C’est uniquement dans le dictionnaire que l’action vient avant la Prière ». Si nous ne trouvons pas le temps de prier, c’est que nous sommes plus occupés que le Seigneur ne le désire.
L’activisme peut nous faire perdre l’essentiel et l’essentiel c’est la communion avec Dieu notre Père.
La prière est un moyen de communication elle nous met en ligne directe avec Dieu Créateur de l’univers.
« Jésus priait un jour en un certain lieu. Lorsqu'il eut achevé, un de ses disciples lui dit: Seigneur, enseigne-nous à prier, comme Jean l'a enseigné à ses disciples. » Luc 11:1
C’est en priant qu’on apprend à prier.
La Prière est un acte fondamental de la Foi chrétienne.
« Et tout ce que vous demanderez en mon nom, je le ferai, afin que le Père soit glorifié dans le Fils. Si vous demandez quelque chose en mon nom, je le ferai. » (Jean 14:13-14)
La prière, c’est l’arme du Chrétien, c’est la respiration de l’enfant de Dieu et de l’Église de Jésus-Christ, c’est une manifestation de la puissance de Dieu.
« La prière est la clé du matin et le verrou du soir » (Gandhi). Chaque matin ma prière peut ouvrir la porte de l'Espérance, afin de croire en plus d'Humanité dans ce monde blessé. Chaque soir ma prière peut fermer la porte de la désespérance...
« Il n'y a qu'un chemin pour arriver à Dieu, c'est la prière..." (Sainte Thérèse d'Avila).
La prière est donc indispensable.
La prière rend ce monde plus perméable à la Présence et à l'Action de Dieu. Notre Prière ouvre notre coeur à Son Action. Soyons assuré que notre prière à un effet.
- Quel est le Psaume de la Bible qui vous est le plus cher ?
- Ils sont nombreux puisqu'il y en a 150 dans la Bible. Tous ont été écrits entre le X° et le VI° siècle avant notre ère. Pourquoi ai-je flashé il y a quelque temps sur le Psaume 66 ? Parce que, de la première phrase à la dernière, le psalmiste exprime toute la Bonté, la Tendresse, c'est-à-dire de la Miséricorde de Dieu. La miséricorde n'est-elle pas le second nom de l'amour ? "La miséricorde est le mot-clé de l'Evangile, nous dit le Pape François, nous pouvons dire que c'est le Visage du Christ.Cloué sur la croix, il a pardonné: nous avons là le visage de la miséricorde divine..."
Devenir miséricordieux, c’est à dire pardonner, c'est ce qu'il y a de plus difficile.
Pardonner, ça n'est pas dire "je n'ai plus mal" ou encore "ce n'est pas grave"... Le pardon n'a rien à voir avec l'oubli forcé, le refoulement, l'évitement, le déni.
Pardonner, c'est donner par de- là. C’est donner au-delà de ce que l’offenseur a pu nous faire. Pardonner, c'est décider de ne garder ni haine, ni vengeance, ni rancoeur envers une personne, malgré ce qu'elle a pu nous faire. Mais, attention, on ne peut reprocher à quelqu'un de ne pas pardonner.
Pardonner est un chemin, il faut en respecter les étapes et l'itinéraire de chacun. Et si nous n'arrivons pas à pardonner, nous pouvons peut-être commencer par prier pour que l'Esprit Saint change le coeur de pierre de l’offenseur. C'est déjà un premier pas vers le pardon.
Pardonner est une grâce.
Pardonner, c'est être Signe de la Miséricorde de Dieu. "Donne-moi mon Dieu de goûter Ta Tendresse afin d'en partager le goût."
Pardonner, c’est être le meilleur lorsqu’on est pire avec toi.
- Si je peux me permettre, avez-vous toujours tout pardonné dans votre vie ?
- En fait, nous n'avons pas le choix sinon la vie devient un enfer. Sécréter quotidiennement de la haine, de la vengeance, de la rancoeur, de la méchanceté, c’est en quelque sorte sécréter du venin. Et c'est au fil du temps finir empoisonné par son propre venin. Avoir la chance, la grâce, de pouvoir pardonner, c'est connaître la sérénité et la liberté. Se reconstruire par le pardon c’est connaître la résilience.
La résilience nous dit le dictionnaire, c'est " la capacité à réussir à vivre et à se développer positivement, de manière socialement acceptable, en dépit du stress ou d'une adversité qui comporte normalement le risque grave d'une issue négative"
En fait, c'est l'allégement de la douleur. La force de la résilience ? Peut-être faut-il la trouver en soi-même.
Donnons-nous davantage la permission d’être humain, c’est à dire imparfait. Être humain c’est accepter ses imperfections et celles des autres.
La violence, la barbarie sont en nous. Nous pouvons devenir des assassins. S’il n’y pas le pardon notre vie risque de devenir un enfer. La prière peut nous sauver.!
C’est lorsque les gens sont les pires qu’il faut-être le meilleur.
Dans le pardon, Dieu vise la réconciliation. Mais il ne faut pas confondre pardon et réconciliation même si les deux sont intimement liés. La réconciliation? Laissons l’Esprit Saint agir en chacun.
- Les Chrétiens d'Orient sont actuellement votre grande souffrance.
- Mon immense souffrance. Notre Action Humanitaire pour eux est une goutte d’eau. Que pouvons-nous faire? Prier...prier ... prier encore…
Rendez-vous compte, présents depuis l'origine du christianisme, les Chrétiens d'Orient ont été discriminés exterminés même sous tous les régimes. Mais ils ont survécu jusqu'à l'époque contemporaine. Au Moyen Orient, ils étaient 11 millions parmi 320 millions de musulmans, donc minoritaires et contraints de chercher la protection des pouvoirs en place pour survivre. La principale cause de la menace qui pèse aujourd'hui sur le Christianisme Oriental tient dans une identification à un occident perçu comme hostile et dominateur et qui, pourtant, ne les soutient guère.
En Irak, sur une trentaine de millions d'habitants, il y avait près d'un million de chrétiens. Aujourd'hui, ils ne sont que quelques milliers en voie de disparition dans une quasi-indifférence. Alors que les Chrétiens sont là depuis les premiers temps. La religion musulmane n'apparaissant qu'au 7° siècle. C'est Saint Thomas qui, avec quelques disciples, une dizaine d'années après la résurrection de Jésus, serait venu s'établir en Chaldée. A tel point qu'on désigne encore sous le nom de Chaldéens , les membres de l'Église catholique de rite oriental (qui célèbrent d'ailleurs leur office en Araméen la langue même de Jésus).
- Vous avez écrit un hommage au Père Jacques HAMEL. Pouvez-vous nous en dire le texte ?
- " Père Jacques HAMEL, le 26 juillet 2016, à Saint Etienne-du-Rouvray, vous avez été assassiné par deux terroristes se revendiquant du Daech. Vous avez été assassiné dans votre église. Vous êtes mort en service.
Alors, j'ai décidé de reprendre votre flambeau.
Vous êtes mort assassiné parce que chrétien.
Alors, j'ai décidé de continuer votre Mission.
Votre martyr ne sera pas vain. La force du Peuple Chrétien, c'est son âme. Malgré les risques, je continuerai à annoncer l'Évangile. Malgré les risques, je continuerai à chanter l'Espérance. Malgré les risques, je continuerai à vivre la fraternité.
La guerre? Je répondrai à la guerre en aimant, en espérant... Je resterai solidaire et digne.
Ma force? Elle est dans la Parole de Jésus.
Mon arme? C'est la Prière.
Devant la mairie de St-Etienne-du-Rouvray: des peluches, des fleurs, des bougies...et ce petit mot :
" Ce qui empêche les gens d'être heureux, c'est leur connerie, pas leur différence".
Ce qui est insupportable pour les terroristes, c'est notre bonheur. Or, le bonheur se trouve dans la Fraternité, dans l'Unité, dans le Pardon.
Père Jacques HAMEL, Là-Haut, près de Notre Père Miséricordieux, obtenez-moi la grâce d'être convaincu que la violence, c'est l'arme des faibles. Et que nous vaincrons le mal par le Bien.
Père Jacques HAMEL, obtenez-moi la grâce de laisser en mon coeur, l'Esprit Saint faire l'Unité afin de montrer que : " l'Amour est plus fort que la mort", " Que les ténèbres ne prévalent pas sur la Lumière".
J'aimerais tant, comme nous y invite pape François, devenir : " Témoin de la Miséricorde "
XIII.-
- Un auteur-compositeur chrétien a-t-il eu avec ses chansons, une influence sur vous ? L’une ou l’autre de ses chansons a-t-elle engagé votre vie ?
- Adolescent, j’ai été profondément marqué par les chansons du Père Duval et notamment par celle-ci : « Seigneur mon ami tu m'as pris par la main. J'irai avec Toi jusqu'au bout du chemin...".
Le Père Duval, né le 30 juin 1918 au Val d'Ajol dans les Vosges - Décédé le 30 avril 1984 à Metz, était un prêtre-jésuite auteur-compositeur-guitariste, qui eut beaucoup de succès dans les années 1950-1960. Il s'est consacré entièrement à la chanson à partir de 1954. J'avoue avoir été subjugué par ses mélodies simples et ses textes qui nous parlaient d'un Bon Dieu qui nous aime. Un Bon Dieu qui nous prend par la main... Rendez-vous compte à l'époque où la catéchèse était si marmoréenne ! Georges Brassens l'avait surnommé: " La calotte chantante. » (dans Trompettes de la renommée)
Le Père Duval a donné plus de 3.000 concerts dans 44 pays, rassemblant 30 000 personnes en un seul concert à Berlin. Il est passé deux fois à l'Olympia (en soutane) et s'accompagnant uniquement de sa guitare. Il était apprécié pour son talent, sa gentillesse naturelle, sa grande simplicité et sa façon joyeuse d'annoncer l'Évangile - joie qu'il savait faire partager. Il était très attentif aux gens les plus humbles, aux misères et aux humiliations des autres.
" Qu'est-ce que j'ai dans ma petite tête. Le Ciel est rouge. Rue des Longues-Haies ". Des succès qui ont fait le tour du monde. Le père Duval a su créer une véritable chanson populaire d'inspiration religieuse. Avec émotion, passion, tendresse.
J'avoue que le Père Duval m'aura non seulement catéchisé mais d’abord et surtout
évangélisé.
J’ajouterai aussi l’influence qu’à eu sur moi le chanteur « phare » de l’époque : Raymond FAU. Rappelez-vous : « Tu es là au coeur de nos vies ».
En interprétant mes chansons il m’a donné confiance en moi. Il m’aura appris par sa simplicité et son authenticité que ce n’est pas ce que l’on fait qui est important, mais la façon dont on le fait.
- Êtes-vous heureux ?
- On entend parfois cette phrase très curieuse : " Je ne suis pas programmé pour le bonheur.". Moi, je préfère, personnellement une autre phrase, écrite celle-là entre les années 384-322 avt. J.C, par un philosophe grec de génie : Aristote : " Le bonheur dépend de nous seul ". Le bonheur, il faut le fabriquer, l'inventer au quotidien. Le bonheur est donc lié à la volonté, au courage. Et si le bonheur c'était simplement de donner ? Le bonheur apparaît au moment où nous donnons du bonheur aux autres. C'est lorsque les gens sentent que vous êtes heureux qu'alors ils sont heureux. Le bonheur ne serait-il pas individuel ?
"Le bonheur est souvent la seule chose qu'on puisse donner sans l'avoir et c'est en le donnant qu'on l'acquiert" .(Voltaire)
"Il y a plus de bonheur à donner qu'à recevoir !" (Actes 20:35)
" Et si on essayait d'être heureux ne serait-ce que pour donner l'exemple ? " (Jacques Prévert )
XIV.-
- Avez-vous le sentiment d’avoir réussi votre vie?
- Je dirai que, dans ma vie, l’impossible m’a toujours été nécessaire. Le rebelle que je suis, est allé jusqu’au bout de ses convictions sans craindre ni l’affrontement, ni le désaveu, ni la dénégation ou le déni. Je pense qu’à ce point de vue-là, j’ai réussi.
Lorsque je me retourne sur mon passé je constate que tout s‘est enchaîné de façon fortuite, accidentelle Or, je ne crois pas au hasard. Alors, je dis : merci mon Dieu !
- Quand vous vous regardez dans un miroir, que voyez-vous ?
- Je n'aime pas me regarder dans le miroir. Mais si vous me demandez quelle image je me fais de moi-même, alors je réponds que j'ai toujours été mon pire ennemi. Angoissé. Stressé. Anxieux. Insatisfait. Emprisonné dans mes propres limites. Toujours pressé. Je cours après mes rêves. Et pourtant, j'affirme que je ne regrette pas ce que je suis devenu. J'ai eu une belle vie. Je ne mourrai pas riche mais en me disant : "J'ai eu une belle vie. S'il fallait recommencer, je recommencerais tout pareil. C'était bien.Trop bien !"
"De l'autre côté du miroir" cela signifie aller au-delà des apparences, chercher plus loin que ce qu'on voit. La chance a voulu que jamais je ne suis passé de l'autre côté du miroir pour ne devenir que mon image.
Et puis, vous savez, un miroir si vous lui souriez, il vous sourit. Si vous vous lui faites la grimace, il vous répondra avec une grimace.
- Aujourd'hui, à plus de 75 ans, quelle est votre vision des choses ?
On ne peut pas être et avoir été. Autre temps autres moeurs. Je veux dire que nous avons correspondu au besoin du moment. Nous avons fait ce que nous devions et pouvions faire. Place aux jeunes !
Je suis heureux de voir que des groupes de chanteurs chrétiens prennent le relais. Glorious par exemple. « Ils sont la réponse à l’Appel de Dieu.
Par la louange ils veulent que les gens découvrent que Dieu est avec eux et que Son Projet de bonheur se réalisera par eux » (Thomas Pouzin)
En un temps de déchristianisation galopante Glorious répond à une attente.
Alors, surtout, continuez !
- Vous avez une chanson qui s'intitule: "Tu es parti en emportant...". Est-ce que la mort vous préoccupe ?
Depuis que j'ai passé le cap des 70 Printemps, je respire donc un âcre parfum de chrysanthème. C’est une logique : on naît, on vit, on meurt. Aujourd’hui, je vis les années, les mois, les semaines et même les journées comme un véritable "Bonus". (Merci mon Dieu !). J'ai même préparé mon Testament: "Tout ce qui m'appartient en propre sera vendu et le fruit de la vente remis, pour moitié à Emmaüs-logement de l'Abbé Pierre et pour l'autre moitié à l'Institut des Frères des Ecoles Chrétiennes pour aider une école pauvre de France, d’Afrique ou d’ailleurs. »
Et pour tout vous dire, j’ai acheté une concession dans un petit cimetière discret de Marseille afin de ne laisser aucune dette.
La mort est présente dans ma vie. Surtout à un âge où l’on voit ses amis partir les uns après les autres. Je voudrais, lorsque je serai dans le Royaume de Notre Père si miséricordieux, continuer à faire du Bien à ceux qui triment sur terre.
Mais, pensons à la vie ! C’est un privilège d’être en vie. C’est pour cela que je suis infatigable et vivant !
La vie m’a cabossé mais je veux donner le témoignage de l’Espérance.
- Un mot sur la notoriété ?
Peut-on véritablement parler de notoriété en ce qui me concerne ?
Trop de visibilité, n’est-ce pas un carcan ?
Si, la notoriété consiste à vouloir à tout prix être connu, considéré, si c’est chercher à attirer le désir sur soi, ou vouloir susciter l’admiration, et si ça devient une fin en soi, alors je dis attention à l’effet boomerang. Il n’est pas rare de voir des fans brûler leur idole.
Certaines vedettes sont obligées de vivre comme des fugitifs.
Et puis, quelle est la qualité de ce lien qui uni une star et son public?
La notoriété, la renommée, la célébrité sont si éphémères, si stériles qu’elles peuvent devenir destructeur.
Puisse mon activité chantée se borner à redonner du courage aux gens, à leur insuffler un peu de force pour affronter le quotidien, à donner à réfléchir, à communiquer un peu d’Espérance.
La notoriété n’a de sens que si elle est mise au service du Bien Commun.
- Que pourrait-il arriver de meilleur pour notre monde d’aujourd’hui ?
Une révolution. Oui, une révolution spirituelle ! La redécouverte de ce Chef-d’Oeuvre émetteur de Lumière et d’énergie : l’Être Humain.
- Que voudriez-vous qu’on dise de vous, en une phrase ?
- Libre et vivant, il a vécu ses rêves.
- Si adolescent, on vous avait demandé: « écris ton rêve et donnons-nous rendez-vous à 75 ans.»
- Le rêve écrit aurait été en deçà de ce que la vie m’a donné. S’il fallait refaire le parcours, je referais presque tout pareil.
- Quel est le mot que vous préférez ?
- Espérance
- Et celui que vous détestez ?
- Désespérance.
- Quel est votre Héros, votre Saint, la personne que vous trouvez admirable?
- La Sainte Petite Thérèse de l'Enfant Jésus de Lisieux.
- Lorsque vous arriverez devant Dieu, qu'aimeriez-vous qu'Il vous dise ?
- Puisque tu as beaucoup chanté Marie ma Mère... regarde, Elle est là pour t'accueillir.
- Quelle est votre prière quotidienne ?
- Mon Dieu, aidez-moi aujourd’hui à ne faire de mal à personne.
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