ARTICLES ET PHOTOS POUR LA PRESSE
Texte de présentation destiné aux journaux
" Il chante depuis 1977. Il a enregistré une cinquantaine de disques. Ses premiers musiciens sont des accompagnateurs de qualité : les frères Lalanne : Francis qui avait quinze ans à l’époque, René et Jean-Félix.
Vous ne l’avez sûrement jamais entendu à la radio ou vu à la télévision. Jamais, il n’a fait « craquer » les cotes des hit-parades. Anti-vedette, il est pourtant très demandé auprès des groupes de jeunes, des paroisses et des communautés. Qui ne connaît pas ses chansons ?... : « Trouver dans ma vie Ta présence », « Chercher avec Toi dans nos vies Marie », « Qu’il est formidable d’aimer », « Rêve d’un monde », « Love », « Bénie sois-tu, Marie », « Troubadours et baladins »…La liste est longue !... Toutes ces chanson, jeunes de ton, évangéliques d’inspiration, sympathiques d’expression circulent maintenant un peu partout comme une bonne nouvelle.
Qui est Jean-Claude GIANADDA ? Un idéal, un dynamisme communicatif au service de la Parole et de la Foi. Il faut bien dire qu’il a le secret de l’animation, celui des veillées de rencontres. Durant ses 25 ans dans l’enseignement au collège Saint Bruno à Marseille 13004, il a été Directeur de ce même collège pendant 18 ans. C’est en 1994 qu’il décide d’abandonner ce métier qui lui plaisait tant pour se consacrer à cette « Mission d’Eglise » de « Troubadour du Bon Dieu ». Aujourd’hui il sillonne les routes de France, pour dire, dans des églises, des prisons, des hôpitaux ou des écoles, en chansons, les choses de la vie, les choses de la Foi. Sans esbroufe, textes et musique sont bien convaincants."
Interview
Cette interview, (rédigée par mes soins - questions-réponses - à partir de l'interview de la journaliste Isabelle O’NEILL), est destinée aux journalistes qui demandent une entrevue. Une façon de gagner du temps...
- Jean-Claude Gianadda vous êtes né en 1944. Vous avez fait vos études chez les Frères des Ecoles Chrétiennes. Vous avez appartenu à cette même Congrégation. Vous avez été enseignant pendant près de 30 ans et même directeur du Collège St Bruno à Marseille pendant une vingtaine d’années. Aujourd’hui vous vous définissez comme un chanteur chrétien. Qu’est-ce qu’un chanteur chrétien ?
-Un chanteur c’est quelqu’un qui rencontre les gens... qui fabrique des émotions...qui dévoile une partie de son âme... Ce même chanteur est chrétien lorsque il a, pour arrière fond l’Evangile. C’est en quelque sorte, un Témoin de la Parole, un voyageur dont la MISSION est la rencontre.
Confidence pour confidence, je n'ai jamais aimé ce personnage qu'on applaudi le soir en veillée. Je préférais l'enseignant. Dès l'âge de 15 ans je rêvais d'être prof. J'ai exercé ce métier de prof (cette vocation) pendant une trentaine d'années... (Je m'y suis éclaté)... à 32 ans, j'ai été nommé Directeur de ce collège ou j'enseignais... J'ai exercé cette fonction (ce service) pendant une vingtaine d'années tout en continuant d'ailleurs, à exercer le métier de prof... Et puis, à l'âge de 50 ans, ( c'est à dire, 10 ans avant la retraite à 60 ans pour les enseignants), tellement surbooké - près du burn-out - (Je ne pouvais plus tout faire: prof, directeur, chanteur chrétien...), je me suis vu dans l'obligation de faire un choix. L'animation chantée s'est donc imposée à moi. Je me suis pris au jeu... Pourquoi, encore aujourd'hui, je regrette d'avoir abandonné l'enseignement ? Peut-être parce qu'en laissant mon métier d'enseignant, je perdais en quelque sorte ma vraie identité...Mais, c'était mon destin...
- Et qu'est-ce que le destin ?
- Le destin ? Disons la vocation, l'appel...Je crois au Grand Horloger, au "Grand metteur en scène"...La Providence.
- Y-a-t-il un rapport entre la chanson et l’enseignement ?
-Il y a une certaine similitude à enseigner et chanter. Chanter, c’est donner, c’est transmettre. C’est transmettre un peu de son savoir, de son histoire, de ses valeurs, de ses repères, de ses rêves, du sens de sa vie. Transmettre un goût de liberté, de résistance...
Un enseignant est d'abord un éducateur, c'est à dire un révélateur. L'éducateur c'est un adulte qui pose sur l'adolescent, un regard de confiance afin de révéler et de réveiller en lui ses propres capacités, ses propres dons, les valeurs cachées au plus profond de lui-même... Eduquer ça n'est pas formater c'est révéler un jeune à lui même.
Le chanteur chrétien est en quelque sorte un éducateur. Par la chanson, il rejoint les personnes, les remet en route...les remet debout, les remet en marche...les aide à découvrir un sens à leur vie...
- Vous avez donc changé de vie. Est-ce difficile de changer ?
- « Impose ta chance, serre ton bonheur et va vers ton risque » (René Char)
Je me suis jeté en secret ou presque dans l’animation chantée.Je quittais du jour au lendemain un métier dans lequel je me réalisais. La période qui a suivi immédiatement après ce choix fut une période où j’avais l’impression d’être « inutile », « sans pouvoir », « sans identité », « seul », dans une autre vie, dans un autre rythme de vie…La solitude et la liberté font grandir. Quitte à me planter, ça n’est pas grave. J’ai appris que l’on ne regrette jamais d’avoir osé, mais que l’on s’en veut toujours de s’être caricaturé.
Le travail dans l’enseignement me permettait de garder le contact avec les réalités de la société contemporaine. Je pense que cela donnait à mes chansons une certaine « crédibilité ». La force de la chanson insérée dans le réel.
Un prof, un directeur, qu’il le veuille ou non, donne l’image « d’une fonction ». Changer, c’était vouloir me réapproprier mon image. C’est terrible et touchant à la fois de constater que quelqu’un est otage d’une fonction, otage de lui-même….
C’est peut-être pour cela, qu’aujourd’hui j’ai une certaine indifférence pour tous ceux qui usent de toutes les armes pour gravir les marches du « pouvoir ».
Certes, quitter l’enseignement après 30 années «de bons et loyaux services », c’était quitter une responsabilité, un salaire, des relations, une activité passionnante. Bien sûr, c’était un choix personnel. Personne ne me forçait en quoique ce soit.
Il faut avoir avancé dans la vie pour cerner ce qui fait son bonheur intime et non celui que les autres définissent pour nous.
Le changement est un risque, il peut être une fuite sans issue qui risque de nous ramener à notre point de départ.
Changer c’est avoir la maîtrise de sa vie. Sans quoi, on peut mourir avant d’être né. Changer s’est s’habiter soi-même. C’est moins la sagesse et la prise de contrôle sur soi que le cheminement vers ces dernières.
Pour changer, il faut la capacité à envisager les choses de manière différentes. Certes, le poids des habitudes est très fort chez chacun de nous. Il faut, « déprogrammer et re-programmer » la disquette !
Ce qui permet le changement c’est donc un vrai projet.
Changer allait me permettre de m’explorer moi-même. Je changeais, tout en restant dans un même projet « d’éducation ». La guitare, la chanson devenaient un moyen « d’éducation chrétienne ». « Deviens ce que tu es » Nietzsche.
Changer pour devenir soi-même afin d’aider l’autre à grandir. « Ce qu’il y a de grand dans l’homme c’est qu’il est un pont et non un but » Nietzsche dans Zarathoustra. C’est difficile de changer parce que nos peurs remontent à la surface. Elles sont un frein. La peur est un signal d’alarme pour nous empêcher de prendre des risques inconsidérés.
Affronter la peur c’est faire appel au courage. Changer permet d’éliminer l’inutile de la vie et de le remplacer par ce qui servira le bonheur et la réussite en soi et de soi même. Changer implique une remise en question. On se fait en se faisant, c’est l’image de la stalactite
- Votre grand-père paternel était un immigré du sud de l’Italie. Qu’est-ce que l’Identité Nationale ?
-L’Identité Nationale ?
En 3 mots c’est : Liberté - égalité - fraternité.
En 2 mots c'est : Vivre Ensemble (ou plutôt agir ensemble).
En 1 mot c'est : Unité.
Voilà la raison pour laquelle je suis tellement attaché aux valeurs de la République et à la laïcité. Car c'est la laïcité qui permet l'expression de toutes les religions.
- Vous avez actuellement plus de 900 chansons déposées à la Sacem, n’a-t-on pas l’impression de se répéter ?
-Mes chansons sont ma vie... Ecrire est une thérapie... Ecrire, c’est toujours tourner autour du même pot. Mais, dire qu’on écrit toujours la même chanson me paraît inexact. Je pense plutôt qu’on écrit une seule chanson qui se prolonge morceau par morceau.
" Je fais des chansons comme un pommier fait des pommes" disait Charles TRENET. Faut-il encore que les pommes soient croquées..."
Et puis, vous savez, j'écris toujours la dernière chanson comme si c'était la première et par définition comme si c'était la dernière.
- Quelle est votre plus belle chanson?
-La prochaine... Celle qui est à venir...
- Quelles sont les qualités d’un chanteur ?
-La sincérité... La vérité... L’authenticité...Être soi-même... Touchant... Émouvant... Charismatique... Généreux avec son public... C'est engager son âme.
- Qu’est-ce que le talent?
-Brel disait: « Un artiste est celui qui a mal aux autres...». Le talent, c’est peut-être de rejoindre les gens, d’exprimer leur rêve... J’ai remarqué que le mot talent est utilisé y compris par des personnages politiques. Dans leur esprit c’est une compétence, une aptitude à faire face à l’incertitude, donc à la prise de risques comme enjeux de la réussite économique...
Le talent est certainement une force qui fait que chacun est unique. Robert Hossein disait: «Le génie, c’est 18 heures de travail par jour, le talent, c’est d’en trouver aux autres.»
- J’observe que, dans tous vos enregistrements interviennent des chorales. Les choeurs semblent donc si importants pour vous ?
-Un choeur est un travail de groupe. Sans compter qu’un choeur apporte beaucoup d’énergie, de présence, de sensibilité, de puissance... de magie...
- Qu’est-ce qu’une Star ou une Vedette ?
-C’est une personne qui à force d’être adulée, vénérée, idolâtrée, encensée, médiatisée... en est venue à vouloir ressembler à cette image trafiquée d’elle-même....
- Pourquoi dites-vous que cette activité chantée est une Mission ?
-Une Mission que je me suis donnée : dire en chansons l’Amour gratuit de Dieu.
Ma Mission c’est d’aimer, de me savoir aimé et d’avoir envie de le chanter.
- Qu’est-ce que la foi?
-Proposer la Foi chrétienne aujourd’hui, ça n’est pas proposer un système idéologique, mais c’est proposer «un ROC», «un Rocher», sur lequel on va construire sa vie. C’est proposer une structure intérieure, une énergie pour construire... Face à toutes ces religiosités païennes de notre époque que sont la voyance, l’astrologie, l’ésotérisme...c’est cette simplicité du Mystère Pascal vécu par les croyants qui évangélise...Je suis de ceux qui pensent que la foi chrétienne est porteuse d’une Intelligence et d’une Sagesse de Dieu.
On peut mettre en relief les 3 grandes affirmations de la Sagesse chrétienne:
a/ Notre Dieu est né dans une crèche. Alors, priorité aux pauvres, aux petits, aux laissés pour compte...
b/ Notre Dieu est AMOUR. Chacun de nous est aimé de façon inconditionnelle. Un AMOUR qui va jusqu’au Pardon.
c/ Chaque être humain est «une histoire sacrée». Chaque être humain a une valeur absolue.
Ce qui me permet donc d’affirmer que la foi n’est donc pas une doctrine, ni une philosophie, ni une morale, ni un savoir...
La foi chrétienne, la foi pascale, est d'abord et avant tout une RENCONTRE avec Jésus. Pensons à la rencontre de la Samaritaine, de Zachée, de l’enfant prodigue, des disciples d’Emmaüs... C’est une rencontre tellement bouleversante, que le coeur en devient «tout brûlant.».
Vous voyez, on est loin de la gouroutisation. Le gourou, c’est celui qui s’approprie les consciences. Le prosélytisme consiste à faire usage de la force, de la manipulation, de la désinformation. La foi chrétienne, elle, n’a de sens que si elle est libre. Lisez l’Evangile et vous constaterez que Jésus, Lui, ne s’est jamais imposé ! Par exemple chapitre 24 de St Luc, Jésus abandonne les deux disciples d’Emmaüs avec leur coeur brûlant et poursuit son chemin tout seul dans la nuit... Ce sont les disciples qui Lui courent après. «Reste avec nous... Il se fait tard... Et puis regarde, il y a là une Auberge... On T’invite...». Et voilà que ces deux-là cessent de parler avec leur tête, cessent de parler avec des mots, pour parler avec du Pain, pour parler avec l’accueil, pour parler avec le partage... Et c’est précisément à ce moment-là, que leur yeux s’ouvrent...et qu’ils reconnaissent Christ Ressuscité !
Vous voyez, la foi chrétienne, loin d'être un héritage à préserver est un Appel, un Don de Dieu, une force pour vivre, une aventure, une liberté, une responsabilité, un «Vivre en Peuple», une grâce....
La foi est un pari disait le philosophe chrétien Pascal. Elle est, un risque.
«Dieu existe, je L’ai rencontré !» (André Frossard). Tout est dit !
- Et la théologie là-dedans?
-Elle n’est rien d’autre que l’intelligibilité de la foi mise à l’épreuve du temps...
- Le Bien ? Le Mal ?
- Lorsque je fais le Bien, Dieu agit en moi et par moi. Le mal c'est lorsque je mets Dieu de côté.
- Quand vous animez une célébration eucharistique, avez-vous du mal avec les normes et les directives liturgiques actuellement imposées ?
-Saint Jean Chrysostome écrivait: « Si le chant n’est pas là pour me faire prier, que les chantres se taisent. Si le chant n’a pas la valeur du silence qu’il a rompu, qu’on me restitue le silence.»
En fait, le mot liturgie du grec «laos» signifie «assemblée» de gens, la foule, le peuple et du sufixe - urgie : (du grec- ourgos) travail, production ( ex: chirurgie: travail du chirurgien, métallurgie: travail du métal...etc).
Leitourgia veut donc dire : Service du Peuple. Très curieusement la syllabe «leit», a dérivé en latin en «lit»; or la racine grecque «lit» signifie précisément prier.
"Liturgia" est donc bien «l’oeuvre de la prière».
Vatican II, nous rappelle que la liturgie n’est autre que l’action du peuple pour honorer son Dieu. La liturgie c’est l’Oeuvre du «Christ total» (Tête et Membres), c’est toute l’Eglise qui présente une offrande pure. Les rites ne sont donc pas des carcans ni des prescriptions mais un acte de glorification de Dieu Père. Les symboles «rassemblent» (racine grecque) la Terre et le Ciel ainsi que l’homme avec lui-même et avec ses frères.
Chanter ça n’est pas tuer le temps durant le temps de la liturgie. Ça n’est ni un refuge, ni un alibi, ni une évasion ...Chanter c’est célébrer. Le chant fait le peuple qui le chante. C’est lui la vraie musique.
Le chanteur en donnant du Beau à la liturgie, fait quelque chose de Bon. Et si c’est Bon c’est nécessairement Vrai. Et si c’est Vrai, n’est-ce pas Unifiant ?
- Face à l’indifférence ambiante, certains affirment que, annoncer l’Evangile aujourd’hui:
« Ça ne sert à rien...»
-Il ne s’agit pas de servir à quelque chose, mais de servir Quelqu’un...
Catéchiser, c’est éveiller la foi. Catéchiser - du grec catéhein - c’est se faire l’écho... Catéchiser n’est qu’une première étape.. Reste la deuxième étape : évangéliser, c’est à dire amener à découvrir l’Amour de Dieu.
- Quarante ans de chansons chrétiennes. Qu’avez-vous fait pour durer 40 ans ?
-Rien...Je n’ai rien fait... D’abord, je n’ai jamais vraiment cru que cela durerait 40 ans... Par contre, je me suis souvent dit que, si cette activité chantée, est l’Oeuvre de Dieu, ça durera le temps que Dieu aura décidé que ça dure. Si c’est l’oeuvre d’une personne, ça capotera et ça disparaîtra un jour ou l’autre...
Le meilleur historien, le meilleur critique de la chanson chrétienne a un Nom mais pas de visage : c'est le temps. Année après année, dans un silence menaçant qui fout les jetons à tous les auteurs-compositeurs chrétiens, il trie le bon grain de l'ivresse...
Alors, pourquoi une chanson dure 40 ans ? Pourquoi une chanson disparait-elle après quelques mois? Mystère...
- Dans vos veillées, vous utilisez beaucoup la vidéo, c’est à dire l’image...
-L’image est un langage... La lumière est un langage... la musique est un langage...
Déjà, lorsque j’étais enseignant, j’utilisais beaucoup le schéma, le dessin, la diapositive... pour solliciter l’attention et la mémoire visuelle des élèves. Et puis, tous les cinéastes vous diront que l’émotion naît de l’image et du son qui ne sont pas une addition, mais une multiplication.
- Est-il important de se documenter, de lire, de suivre des cours...de prier ?
-Il est essentiel de mieux voir, pour mieux donner à voir...
- Il paraît que lorsque vous installez votre sono avant une veillée du soir, vous êtes maniaque, insupportable... ?
-C’est un signe d’anxiété, de stress, de peur... On sait qu’on affrontera un public...Tous les chanteurs ou acteurs éprouvent cette angoisse... Du coup, je n’ai jamais connu l’insouciance. Avec l’âge, la peur a fini par devenir une vieille compagne auprès de qui finalement, je vis assez bien.
- Quelle énergie à 72 printemps ! Un planning impressionnant... chaque année de nouveaux Cd , Dvd, Livres... Ne commenceriez-vous pas votre vie par la fin ?
-J’ai été vieux très tôt... J’ai été jeune très tard...
«Nunc Coepi» chante le psalmiste : « Chaque jour je commence ! »
J’aurai vécu ma vie à flux tendu : quête d’intensité...soif d’aventure et d’absolu...besoin de défis et de liberté... goût de rencontres et de transparence...Être sur-actif, c'est pas un truc d'ego. On fait appel à moi et je ne sais pas dire non. L'inaction me fait peur. Je me suis rendu compte que je devais être irritant parfois en étant partout, en voulant toujours faire passer mes idées...
La vieillesse n'est pas un naufrage. C'est un état de vie... à 72 ans, je m'amuse toujours autant...
- Comment avez-vous accueilli cette distinction: l’«l’Hommage de la Sacem» en 2008 ? Ainsi que l'Oscar de la chanson chrétienne qui vous a été remis le 16 janvier 2016 par l'Achevêque de Dakar Mgr Benjamin NDIAYE ?
-Un «Hommage» est une reconnaissance...Plus que d’être connu ce qui importe pour chacun de nous, c’est d’être reconnu... Être reconnu, ce n’est pas être en quête de compliment, c’est devenir Signe, Témoin...Être reconnu permet de valoriser sa propre singularité. Il me semble qu’on ne peut s’estimer que parce qu’on a la reconnaissance des autres... Une personne vaut pour ses qualités humaines: qualités de coeur, de générosité, d’attention à l’autre, d’abnégation, d’humilité...
- Un HOMMAGE, est-il une marque de mérite?
-Vous savez, le mérite est compliqué à évaluer... Il est lié à la chance, à la « bonne étoile »... Quelle chance aurais-je eu si j’étais né dans un bas quartier de Marseille ? Qui mérite quoi ?
Le mérite est lié au courage, à l’effort, à la volonté...me direz-vous. Et c’est surtout viser le bien commun... Si c’est ça, alors chacun de nous est méritant là où l’on est, là où l’on vit...
- Qu’est-ce qu’un «Tube » ?
-C’est une énergie... une authenticité...C’est une chanson qui rejoint les gens...
- Qu’est-ce qui fait qu’une chanson devient «populaire»?
-Il me semble, que ce qui fait qu’une chanson descend dans la rue, c’est la musique. Ce qui fait qu’elle y reste, c’est le texte.
- Dans une de vos chansons, qui s’intitule: «St Benoit-Joseph Labre», vous dites: «La route était son monastère...». Est-ce que cette expression vous concerne ?
- Je me considère comme un itinérant, c’est à dire toujours en quête. L’immobilisme nous plombe. La vie est une aventure. Si nous perdons l’Espérance, nous perdons le sens de la marche... Faut aller jusqu’au bout... Vivre ses rêves !... Avance et tu seras libre !
Faire 100.000 km par an, c’est passer des heures et des heures le nez collé au pare-brise de son véhicule... Des heures avec Dieu. J’aime le voyage autant que le point d’arrivée. Le temps est fait pour Dieu... Mon véhicule tout comme ma Bible sont des lieux de vie...
- Lorsque vous écoutez d’autres chanteurs au style très différent, comment réagissez-vous?
-J’ai la chance d’être «bon public» quel que soit le style de chanson... Heureusement que des styles différents existent puisque nos sensibilités sont toutes différentes.... Et de toute façon, qui suis-je pour juger ? Il y a deux aspects de la perfection dans l’Evangile : ne pas juger les autres et donner du fruit.
- Pourquoi aider le Père Pédro de Madagascar ? Ou bien la Pouponnière de Médina tenue par des religieuses à Dakar... Ou bien Emmaüs... Ou encore les religieuses de Madagascar... Ou ce prêtre Sénégalais qui au fin fond de la brousse n'a ni presbytère ni église? Ou encore les Chrétiens d'Orient...?
-Vous savez, l’humanitaire est un privilège... C’est la générosité qui fait avancer le monde. Elle est une façon de prouver son amour pour le monde.
- On décrypte en filigrane dans vos livres (vous avez écrit 6 livres, je crois) beaucoup d’interrogations et de souffrance. La vie serait-elle une épreuve?
-A chaque jour suffit sa grâce... Devenir soi est une épreuve. Être capable de jongler avec les différentes facettes de soi, c’est accéder à une vraie liberté intérieure. Cela ne peut se faire sans souffrance. Nous sommes condamnés à toujours grandir davantage, à passer les épreuves, à nous remettre debout.
- Vous avez beaucoup de cantiques à Marie...
-Une centaine... Que nous enseigne Marie ? Marie nous enseigne à nous tourner vers Dieu. Et puis, chaque chrétien, n’a-t-il pas pour vocation d’être, la continuité de Marie? Marie continue son oeuvre à travers chacun de nous, à travers notre attitude, notre façon de vivre... La piété mariale n’a rien à voir avec la superstition ou la crédulité. C’est d’abord un art de vivre.
- Qu’est-ce que la prière?
-C’est passer du temps avec Dieu... Mais, attention, passer du temps avec les autres c’est aussi passer du temps avec Dieu. L'activité quotidienne de tout un chacun, peut donc aussi être prière.
- Quel est le Psaume de la bible qui vous est le plus cher ?
-Ils sont nombreux puisqu'il y a 150 psaumes dans la Bible. Tous ont été écrit entre le X° et le V° siècle avant notre ère... Pourquoi ai-je flashé il y a quelque temps sur le Psaume 66 ? Parce que, de la première phrase à la dernière, le psalmiste exprime toute la Bonté, la Tendresse, c'est à dire de la Miséricorde de Dieu. La miséricorde n'est-elle pas le second nom de l'amour ? "La miséricorde est le mot-clé de l'Evangile, nous dit le Pape François, nous pouvons dire que c'est le Visage du Christ.... Cloué sur la croix, il a pardonné: nous avons là le visage de la miséricorde divine..."
Pardonner c'est ce qu'il y a de plus difficile... Pardonner, ça n'est pas dire "je n'ai plus mal" ou encore "ce n'est pas grave"... Le pardon n'a rien à voir avec l'oubli forcé, le refoulement, l'évitement, le dénie.... Non, pardonner c'est donner-par de-là. C'est donner au-delà de ce que l'offenseur a pu nous faire. Le pardon c'est décider de ne garder ni vengeance, ni rancoeur envers une personne, malgré ce qu'elle nous a fait.
Et si nous n' arrivons pas à pardonner, nous pouvons peut-être commencer par prier pour l'offenseur... c'est déjà un premier pas vers le pardon...
- Si je peux me permettre... avez-vous toujours tout pardonné dans votre vie?
- En fait, nous n'avons pas le choix. Sécréter de la vengeance, de la rancoeur, de la haine, c'est en quelque sorte sécréter du venin. Et c'est au fil du temps finir empoisonné par son propre venin. Obtenir la grâce du pardon c'est connaître la plénitude, la sérénité et la liberté... Dans le pardon, Dieu vise la réconciliation. Mais il ne faut pas confondre pardon et réconciliation même si les deux sont très liés. Laissons le Saint Esprit agir...
- Avez-vous le sentiment d’avoir réussi votre vie?
-Je dirai que, dans ma vie, l’impossible m’a toujours été nécessaire... Je suis allé jusqu’au bout de mes convictions sans craindre ni l’affrontement, ni le désaveu, ni la dénégation ou le déni... Je pense qu’à ce point de vue là, j’ai réussi...
- Vous avez une chanson qui s'intitule: "Tu es parti en emportant...". Est-ce que la mort vous préoccupe ?
- Depuis que j'ai passé le cap des 70 Printemps, que je respire donc un âcre parfum de chrysanthème... effectivement, je vis les années, les mois, les semaines et même les jours comme un véritable "Bonus". (Merci mon Dieu !). J'ai même préparé mon Testament: "Tout ce qui m'appartient en propre sera vendu et le fruit de la vente remis, pour moitié à Emmaüs-logement de l'Abbé Pierre et pour l'autre moitié à l'Institut des Frères des Ecoles Chrétiennes pour aider une école pauvre".
Non, la mort ne me fait pas peur. Je voudrais, une fois là-Haut, heureux près du Père, continuer à faire du Bien à ceux qui sont sur terre...
- Que voudriez-vous qu’on dise de vous, en une phrase ?
-Libre et vivant, il a vécu ses rêves...
- Si adolescent, on vous avait demandé: « écris ton rêve et donnons-nous rendez-vous à 72 ans ...»
-Le rêve écrit aurait été en deçà de ce que la vie m’a donné. S’il fallait refaire le parcours, je referais presque tout pareil.
- Quel est le mot que vous préférez ?
-Espérance.
- Et celui que vous détestez ?
-Désespérance.
- Quelle est votre prière quotidienne ?
- Mon Dieu, aide-moi aujourd’hui à ne faire de mal à personne.
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